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Portrait

Qui est Noël Bertrand Boundzanga, président de la commission politique du Dialogue national au Gabon ?

Qui est Noël Bertrand Boundzanga, président de la commission politique du Dialogue national au Gabon ?
Qui est Noël Bertrand Boundzanga, président de la commission politique du Dialogue national au Gabon ? © 2024 D.R./Info241

Le président de la très influente Commission politique du Dialogue national inclusif (DNI) au Gabon dont les travaux ont débuté officiellement ce lundi 8 avril est une des incarnations de l’engagement citoyen et des valeurs républicaines et démocratiques : Noël Bertrand Boundzanga. Enseignant chercheur à l’Université Omar Bongo de Libreville depuis 2014, il fait partie de la société civile gabonaise grâce au « Club 90 pour une majorité citoyenne », une association qu’il a lancée pour défendre l’Etat de droit, les droits de l’homme et l’alternance démocratique au Gabon. Portrait au vitriol de son « capital culturel et symbolique ».

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Prononçant son discours d’ouverture lors du DNI, le Général-président, Brice Clotaire Oligui Nguema déclarait ce qui suit : « Il ne saura ni être politicien ni politicard au sens des luttes partisanes pour la conservation ou la conquête du pouvoir ». Le ton était lancé et s’est fait suivre à travers la nomination par décret présidentiel portant désignation des membres des commissions au DNI, du Pr. Noël Bertrand Boundzanga, leader de la société civile libre et indépendante comme président de la très convoitée commission Politique.

Noël Bertrand Boundzanga

Enseignant de Lettres et spécialiste de la littérature gabonaise à l’Université Omar Bongo et coordonnateur général depuis 2020 de l’Ecole de Libreville (centre de recherche axé sur les savoirs endogènes), membre de la société civile gabonaise, président du Club 90, membre du mouvement citoyen ’’Appel à agir’’, et de la campagne panafricaine ’’Tournons la page", le Pr Noël Bertrand Boundzanga (NBB) a toujours revendiqué l’impérieuse nécessité qu’il y ait une alternance démocratique au Gabon au terme de l’élection présidentielle qu’il veut libre et démocratique.

L’enseignant chercheur et membre éminent de la société civile gabonaise alertait déjà en ces termes : « Il peut y avoir une alternance à condition que ceux qui organisent les élections acceptent le résultat des urnes. En 2016, le régime au pouvoir n’a pas accepté la défaite d’Ali Bongo. Or, cette fois encore en 2023, on peut craindre légitimement qu’il n’acceptera pas une défaite et qu’il sera suivi par la CGE. ». Ce qui s’en est suivi.

Tout en s’indignant : «  Le président de cet organisme est un membre du PDG (Ndlr : Michel Stéphane Bonda, ancien ministre délégué aux Eaux et forêts d’Ali Bongo qui avait été désigné vendredi 10 février 2023 président du Centre gabonais des élections (CGE), l’institution chargée d’organiser les élections au Gabon), alors que la règle stipule qu’il devrait être non partisan. Comme en 2016, le pouvoir en place est capable d’user de la force pour se maintenir, en dépit de la capacité des Gabonais de s’exprimer pour l’alternance. »

Après l’accident cardiovasculaire du président-dictateur Ali Bongo Ondimba en 2018, aujourd’hui déchu suite au coup d’Etat militaire du 30 août dernier, le le Pr Noël Bertrand Boundzanga et une poignée de Gabonais, des politiciens, des acteurs de la société civile, des anonymes, souvent au péril de leur emploi, voire de leur vie, sont montés au créneau en faisant parler son engagement Républicain. Pour dénoncer l’inaptitude physique et cognitive aujourd’hui avérée du despote leader du système Bongo-PDG par une plainte au Tribunal de première instance de Libreville en appelant à une vacance du pouvoir.

En face d’eux, un Exécutif despotique, un Législatif inféodé par un palais présidentiel totalitaire et une Justice aux ordres, tous complices de cette imposture grotesque et éhontée. Il aura fallu attendre l’intervention du CTRI pour mettre fin à cette Honteuse Mascarade Politique. L’Histoire Gabonaise doit se le Rappeler : le 28 février 2019 : Placide Aubiang Nzeh ; Noël Bertrand Boundzanga ; Elza Ritchuelle Boukandou ; Franck Ndjimbi ; Nicolas Nguéma ; Jean Gaspard Ntoutoume Ayi ; Anges Kevin Nzigou ; Marc Ona Essangui ; Edgard Owono Ndong ; et Minault Maxime Zima Ebeyard s’étaient présentés devant le pays et à la face du monde pour dire aux compatriotes Gabonais combien il était urgent d’agir.

Devoir de mémoire oblige, le professeur NBB et ses compagnons de lutte furent déjà en première en ligne des tranchées dans ce combat Républicain contre la tyrannie Bongo-PDG.

Une carrière d’enseignant chercheur engagé

"Le Gabon, une démocratie meurtrière, essai publié en 2016 après la crise post-électorale meurtrière dont le titre évocateur annonçait déjà son objet politique, en revêtant sa loupe de chercheur et d’analyste politique, le Pr. Boundzanga soutient courageusement cette thèse par la liberté d’un ton qu’il prend. En droite ligne avec le DNI et pour en faire la démonstration prophétique, l’enseignant chercheur revendique un droit d’inventaire, sans concession, de la transition démocratique au Gabon, surtout dans son état actuel. Il va questionner notamment la légitimité et le statut du chef de l’Etat, des acteurs politiques, le rôle des intellectuels et des auxiliaires du pouvoir (…) tout en passant au crible d’une critique acerbe laissant peu de place à l’approximation de l’Etat de droit au Gabon.

Il n’y a pas de dictature en Afrique francophone qui n’ait été soutenue par la France fustigeait N. B Boundzanga. « Au Congo voisin, Denis Sassou-N’Guesso a fait un coup d’État en 1997 avec l’assentiment de la France, contre Pascal Lissouba qui avait gagné les élections cinq ans plus tôt. Ces chefs d’État sont des ’’ambassadeurs’’ ou des ’’gouverneurs’’ de la France. On parle du « sentiment anti-français » : ce sentiment contre la France n’est pas irrationnel. Les Gabonais pensent que la France soutient les dictatures et qu’elle est contre les processus démocratiques ».

Voilà le paradoxe pointe le professeur engagé : « François Mitterrand a appelé [le 20 juin 1990, lors du 16e sommet franco-africain à La Baule,NDLR] les chefs d’État africains à aller vers le multipartisme. Mais, malgré les présidents qui passent, la France reste la même. Nicolas Sarkozy soutient Ali Bongo en 2009 ; Emmanuel Macron soutient le fils Déby au Tchad en 2021... C’est une histoire de conservation des avantages coloniaux à l’ère postcoloniale. »

Tout en avertissant les tenanciers de la Françafrique et ses sbires présidentiels dans l’espace francophone qui régresse davantage aux regards des indicateurs économiques, le natif d’Issala affirmait : « Ce n’est qu’une histoire d’héritage. Et, au Gabon, de plus en plus, comme partout en Afrique francophone, naissent des « associations » contre la présence française. Même certains hommes politiques gabonais tiennent un discours contre la France. Le processus est en cours. »

Les enjeux majeurs du DNI selon le professeur N. B Boundzanga

Le professeur Noël Boundzanga préside la très sensible Commission politique, chargée d’ébaucher des réformes sur le pouvoir, les institutions, les élections... Il est conscient des enjeux, dit-il à notre confrère de RFI : « Le processus de démocratisation a échoué. Et donc, c’est normal que les Gabonais fassent attention à ce qui sortira de la Commission politique. Il y a une pression, que les commissaires ressentent, mais cela me parait aussi tout à fait normal. Dans tous les cas, si les uns et les autres sont prêts à respecter les textes qui seront écrits et donc qui sortiront de là, tout se passera bien !  »

« Il y a toujours des mauvais esprits qui veulent contourner, détourner les textes, mais ce que l’on essaye de faire, nous, c’est d’abord d’assurer la viabilité des textes et les produire dans un environnement consensuel. Je pense qu’il va y avoir des échanges houleux parfois vifs, sur la vie politique. Qu’il y ait, parfois, des explosions de colère, tout cela ne peut pas me surprendre », averti le membre de la société civile libre et indépendante.

Tout en soulignant : « Mais les explosions de colère ne peuvent remettre en cause la qualité et la sérénité des débats. Les commissaires connaissent l’enjeu du débat, ils savent que, de toutes les manières, les Gabonais attendent des propositions claires, nettes et précises. Et je ne pense pas que quelqu’un s’amusera à troubler l’ordre des discussions, je ne le crois pas », a-t-il martelé.

Rappelons que Noël B. Boundzanga est né en 1976 à Issala (Mbigou, dans la province de la Ngounié, sud du Gabon). Ingénieur d’affaires et en négociations internationales, NBB est diplômé de l’Institut Supérieur de Gestion (ISG-Paris).Il est titulaire d’un doctorat en littérature comparée et civilisations francophones à l’Université Paris-Est en France en 2008.

Essayiste, romancier et nouvelliste, on lui doit, entre autres, Digressions sur notre temps (essai, 2014), Joseph Tonda entre imaginaires et connaissance (en codirection avec Christ-Olivier Mpaga et Placide Ondo) et Le Miroir des toubabs (roman, 2008), Tamar et Koya (roman, 2022). Conservera-t-il ses convictions libres et citoyennes ? Restera-t-il en phase avec toutes ses luttes citoyennes pour une alternance démocratique en République Gabonaise ? Affaire à suivre !

@info241.com
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