Loi fondamentale

Livre de P. Péan : qu’est-ce que le régime Bongo a fait de la constitution du 26 mars 1991 ?

Livre de P. Péan : qu’est-ce que le régime Bongo a fait de la constitution du 26 mars 1991 ?
Livre de P. Péan : qu’est-ce que le régime Bongo a fait de la constitution du 26 mars 1991 ? © 2014 D.R./Info241

Les événements de contestation populaire du Burkina-Faso et la publication mercredi du livre brûlant du journaliste français Pierre Péan, « Nouvelles affaires africaines. Mensonges et pillages au Gabon », ont permis à des citoyens Gabonais de relancer le sempiternel débat de la corruption et de la manipulation de la Constitution du Gabon par le pouvoir en place depuis 47 ans dans le but unique de faire perdurer la famille Bongo et le système du PDG au pouvoir.

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L’œil du citoyen se penche sur cette question afin que la lumière soit faite sur la perdition totale de la Constitution du 26 mars 1991 qui garantissait un État démocratique et Républicain au Gabon. Car disait Machiavel dans ses Discours I "les peuples, bien qu’ignorants, sont capables de vérités". Depuis Euripide et Les Suppliantes , la démocratie du peuple passe par sa mobilisation quant à la prise à main de son futur commun. D’où l’ignorance ou le silence coupable du peuple est contraire au de voir patriotique.

Petit rappel des révisions de la Constitution au Gabon

Après le soulèvement populaire qui fût partie de l’action estudiantine de l’UOB, l’organisation de la conférence nationale en 1991 a mis fin au règne du parti unique avec pour "candidat naturel", le camarade Albert Bernard Omar Bongo. Au sortir de ce dernier consensus véritablement national, car venant du peuple le Gabon était doté d’une des meilleures constitutions du monde. La Constitution Gabonaise instituait : un mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une seule fois soit 10 ans de mandature ; des élections à 2 tours ; les organes d’État impartiaux notamment la Cour Constitutionnelle, le respect des libertés plurielles (la presse, l’audio-visuel) et les libertés individuelles, liberté d’expression.

Or, il faut rappeler que toutes les révisions constitutionnelles depuis 1991 ont favorisé le règne de plus de 40 ans d’un seul homme Omar Bongo Ondimba. Ceci, l’a permis de consolider un système politique aux allures monarchiques et autocratiques. Car, il était surnommé « le tout puissant baobab du Gabon », une allusion à l’incarnation de l’un des arbres plus robuste de la forêt équatoriale. Ceci l’a permis de piller le pays et d’enrichir sa famille en laissant la grande majorité de la population dans une précarité carcérale. Tous ses proches partisans du PDG l’ayant permis de consolider son pouvoir totalitaire sont coupables bien entendu de cet accaparement malsain, par une poignée de scribes d’une Nation . Il y avait, et cela demeure toujours jusqu’à présent un déséquilibre criard entre le pouvoir exécutif, le pourvoir législatif et le pouvoir judiciaire.

La Constitution gabonaise ainsi taillée est à la cadence des ambitions politiques du Président de la République qui prétend à la magistrature suprême. Qui, rappelons-le, est le chef de l’Etat, chef suprême des armées, chef suprême de la magistrature… Et malencontreusement surtout chef de l’exécutif avec un droit plénipotentiaire de nomination à tous les emplois civils, militaires, administratifs et judiciaires. C’est ce système incongru et despotique qui a permis la longévité mémorable d’Omar Bongo et l’instauration du PDG comme unique parti politique à même de diriger le Gabon en se targuant d’une longévité historiquement condamnable.

Signalons que les dernières modifications intervenues en 2003 ont enterrer sans scrupule patriotique le compromis politique et les dispositions juridiques et institutionnelles, gages d’une alternance démocratique et de la stabilité constitutionnelle au Gabon. Tout le combat politique des martyrs de 1990 qui a permis l’élaboration de l’esprit de la constitution du 26 mars 1991 a été desséché. Ces dispositions compromettaient la volonté de règne à vie du système PDG en place dont certains membres sont passés du côté de l’opposition. Les dernières révisions avaient pour but de garantir une éligibilité éternelle à l’ancien président de la République, feu Omar Omar Bongo Ondimba, notamment par la modification de l’article 9 dans son alinéa 1.

Depuis ces énièmes tripatouillages de la Constitution sous le regard passif du peuple Gabonais qui ne s’est aucunement opposé comme au Burkina Faso, au Gabon, un Président de la République est rééligible indéfiniment. État de fait inacceptable si les citoyens qui passent leur temps à se plaindre dans les bars et autres lieux populaires souhaitent que le Gabon puisse jouir d’une démocratie véritable dont l’une des marques de fabrique est l’alternance politique.

Le bénéfice de cette usurpation juridique a permis à la Cour Constitutionnelle, d’obtenir une autonomie de gestion financière. Mais aussi, de crédits nécessaires à son fonctionnement inscrits dans la loi de finances par l’ajout d’un premier alinéa à l’article 93. L’indéboulonnable présidente de la Cour, Marie Madelaine Mbourantsouo, en poste depuis 1991, date de sa création, a obtenu également la charge, depuis 2003, de veiller curieusement à la régularité des élections présidentielles, parlementaires, des collectivités locales et des opérations de référendum dont elle proclame les résultats (article 84 tiret 4).

Révélations de la manipulation en 2009 de la Constitution Gabonaise par Ali Bongo

Sous-titré, "Mensonges et pillages au Gabon", Pierre Péan revient à travers son enquête menée avec détail sur la fin de règne du défunt président Omar Bongo Ondimba. Ce livre éclaire le lecteur sur les modalités de l’accession au pouvoir de son fils Ali Ben Bongo Ondimba après sa mort en 2009. Même si relève, L’œil du citoyen, toutes ces informations démenties par le pouvoir en place ont circulé dans tous les recoins du Gabon de Kerry-Nzambi jusqu’à Tsotadzanla, le peuple à ouï dire de ce que Pierre Péan qualifie "d’imposture politique". Le polémiste français révèle avec argument à l’appui que l’actuel chef de l’Etat du Gabon s’est engagé a déjoué l’article 10 de la Constitution Gabonaise qui stipule qu’un enfant adopté ne peut prétendre à accéder au pouvoir suprême au Gabon qu’à partir de sa quatrième génération de descendant.

L’enquête menée avec minutie nous informe avec faits et détails que par le truchement de plusieurs complices dont Jean Boniface Assélé (maire du 3ème arrondissement), Patience Dabany, sa prétendue mère qui était passée à la télévision Gabonaise montré les cicatrices illusoires du prétendu accouchement de son fils bien aimé Ali Bongo, le président actuel du Gabon, aurait falsifié de nombreux documents, de son acte de naissance à ses diplômes.

D’ailleurs, le baccalauréat qu’Ali Bongo Ondimba a obtenu en France serait ainsi le fruit d’un arrangement entre Omar Bongo et le président français de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing ainsi que le doctorat en droit mentionné dans son CV. Pour le journaliste polémiste français, au rebours de la version officielle qui le présente comme le fils naturel de son père, Ali Ben Bongo Ondimba serait un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra à la fin des années 1960. Pour le citer stricto sensu, "Né dans l’ex-province nigériane du Biafra, Ali fut recueilli à Libreville, et ce
sont les réseaux Foccart qui convainquirent Albert Bongo, président en exercice, de l’adopter. Cette adoption constitue un épisode de la guerre secrète menée par la France pour aider les Biafrais à faire sécession d’avec la fédération du Nigeria : la déclaration d’indépendance, fin mai 1967, a été suivie d’une guerre civile qui ne s’est achevée qu’en janvier 1970". Relevons toutefois, que ce n’est pas "une information ou une rumeur nouvelle", c’est du déjà entendu.

L’œil du citoyen se souvient d’une rentrée solennelle de la Cour Constitutionnelle datant du 21 janvier 2010 où Madame Mborantsouo Marie-Madeleine, ex maîtresse d’Omar Bongo, présidente toujours en exercice de la plus haute juridiction gabonaise déclarait son ambition d’un « toilettage » de la Constitution et du code électoral gabonais en raison de nombreux « manquements juridiques » constatés lors de la dernière élection présidentielle de 2009.

Au regard des multiples révisions constitutionnelles passées en Afrique, L’œil du citoyen ne serait pas étonné de percevoir cette énième révision de la constitution gabonaise comme une nouvelle tentative de pérennisation du système en place dirigé par Ali Bongo et "les nouveaux émergents". Et ce, au mépris de la volonté du peuple qui semblerait être souverain que théoriquement. Car lorsqu’on interroge les citoyens lambda Gabonais, et à la lecture de plusieurs réactions sur les réseaux sociaux notamment sur le groupe populaire ‘’Infos Kinguélés’’ de Facebook, les Gabonais et Gabonaises veulent une alternance politique. Et ils souhaitent également que la Constitution de 1991 soit rétablie, car il faut profondément un renouvellement de la classe politique gabonaise.

Espérant que le vent de contestation lancé depuis le printemps arabe qui a fait des émules plus récemment dans le pays des hommes intègres, notamment via le soulèvement populaire contre la tentative de la énième manipulation de la Constitution par Blaise Compaoré et son régime puisse interpeller le peuple Gabonais. Car les Burkinabés et surtout sa jeunesse engagée peuvent être fiers aujourd’hui, leur mouvement révolutionnaire a porté ses fruits. En unissant leurs forces, ils ont permis de contrecarrer les plans autocratiques de Compaoré. D’où, l’ensemble de toutes les couches sociales gabonaises a un rôle majeur à jouer pour le rétablissement de la Constitution du 23 mars 1991. Le Gabon est un pays souverain ni une monarchie et non plus un royaume sous la tutelle aveugle de la famille royale Bongo et du système PDG.

Le peuple uni dans la concorde doit défendre son honneur et sa félicité en revendiquant sa démocratie et une alternance politique. Et ce, au périple des sacrifices, comme ceux de nombreux martyrs de Port-Gentil, s’il souhaite véritablement l’instauration d’une démocratie populaire. Cette dernière constitue l’unique solution à la fin du règne de la famille Bongo et du système PDG au pouvoir depuis 47 ans. Les clauses fondamentales qui avaient été inscrites dans la Constitution de 1991, après la conférence nationale, doivent être absolument rétablies. Aujourd’hui, le peuple Gabonais reste toujours la risée de tous les pays africains, car notre inactivité passive face à ce régime quarantenaire des Bongos se révèle tristement célèbre.

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