Trahison mortelle

Trois initiés gabonais écopent de 10 ans de prison pour avoir bastonné à mort leur « frère » du Mwiri

Trois initiés gabonais écopent de 10 ans de prison pour avoir bastonné à mort leur « frère » du Mwiri
Trois initiés gabonais écopent de 10 ans de prison pour avoir bastonné à mort leur « frère » du Mwiri © 2024 D.R./Info241

« Quiconque trahit les secrets du Mwiri, sera avalé par le diable », c’est là le premier précepte de ce rite traditionnel gabonais. C’est pour faire respecter cet interdit que trois jeunes gabonais ont battu à mort un autre qui avait divulgué les secrets de ce rite à sa petite amie en plus d’autres incartades. La cour criminelle de Port-Gentil a prononcé ce lundi, contre ces « vengeurs » initiatiques une peine de 10 ans de prison pour coups et blessures ayant entrainé la mort de la victime.

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Le Mwiri est un rite initiatique du sud du Gabon réservé exclusivement aux hommes âgés de plus de 15 ans. Tous les initiés sont contraints de respecter scrupuleusement les lois, règles et textes qui régissent ce rite. Or, Olivier Kévin Makaya, gabonais âgé de plus d’une vingtaine d’années, a trouvé la mort à la suite d’une « correction » infligée par deux de ses frères pour avoir divulgué les secrets de ce rite à sa petite amie.

Trahisons initiatiques

Il ressort des pièces du dossier que dans la journée du 9 septembre 2021, aux environs de 13h, le jeune Olivier Kévin Makaya, qui avait séjourné au village Avanga, arrivait à Port Gentil et était accueilli par ses frères, les nommés Aubin Igondjo (35 ans), Guyzepé Puma Babika (27 ans) et Dannell’s Moussonga Babika (28 ans). Ces derniers étaient informés des agissements déviants de celui-ci au village, tendant à divulguer les secrets et défenses de leur rite initiatique traditionnel « Mwiri ».

Les trois vengeurs traditionnels devant la barre hier

Selon les procès-verbaux, il est reproché à la victime d’avoir donné avec précision la signification des marques que seuls les initiés portent au bras gauche, parlé du rituel qui se déroule la nuit lors de l’initiation en brousse, couché avec sa partenaire au lieu sacré où la cérémonie devait avoir lieu, et lécher la partie intime de sa partenaire soigneusement au dit endroit. Des actes interdits dans la tradition Mwiri.

La « correction » mortelle au corps de garde

Fort de cela, ils tenaient impérativement à avoir plus amples explications sur ce qu’ils considéraient comme une trahison, voire une violation flagrante de leur serment. Après moult questions sur ladite situation et n’ayant reçu aucune explication, ils le conduisaient au corps de garde au quartier dit « Laverie moderne » dans le 4e arrondissement de Port-Gentil. Puis, ils lui enjoignaient de se dénuder et de se mettre à plat ventre avant de l’attacher.

Une autre vue de cette audience

Par la suite, les personnes précitées s’armaient chacune d’une chicotte à l’aide desquelles ils lui administraient plusieurs coups sur toutes les parties du corps pendant plusieurs minutes. Quelques temps plus tard, après avoir subi sa « correction », se sentant très mal, le nommé Olivier Kévin Makaya faisait savoir qu’il s’étouffait. Aussitôt conduit dans une structure hospitalière de la place par les nommés Aubin Igondjo, Guyzepé Puma Babika et Dannell’s Moussonga Babika, le médecin constatait simplement le décès du jeune Olivier Kévin Makaya.

Sanctions pénales

Informés des faits, les agents de l’antenne provinciale de la police judiciaire de l’Ogooué-Maritime se rendaient sur les lieux et procédaient à l’interpellation musclée des nommés, avant d’être conduits au poste de police pour nécessité d’enquête après que l’oncle du défunt déposait une plainte. Interrogés au cours de l’enquête préliminaire, les intéressés reconnaissaient tous sans embâche les faits qui leur sont reprochés, notamment ceux d’avoir donné des coups et fait des blessures sur la personne de leur cadet, et cela peu de temps avant qu’il passe de vie à trépas. Ils réfutaient néanmoins l’idée selon laquelle, ce sont lesdits coups qui ont occasionné la mort de celui-ci.

De l’examen clinique réalisé suivant le certificat médical établi à cet effet, il ressort des ecchymoses et des hématomes sur l’ensemble du corps du défunt, réconfortant l’idée d’une mort non naturelle. À l’enquête préliminaire, à l’instruction et à la barre, ils ont reconnu avoir porté des coups à Olivier Kévin Makaya sans intention de lui donner la mort. Ils ont été reconnus coupables du crime de coups mortels et condamnés à 10 ans de réclusion criminelle, dont 5 ans assortis du sursis, et au paiement de 10 millions de FCFA au titre de dommages-intérêts.

Non conformité de la « correction »

Selon des sources sûres de ce rite initiatique masculin du sud du Gabon, pour résorber une telle situation, il est imposé l’achat d’un cabri, des poules, un régime de bananes et bien d’autres articles afin de procéder au sacrifice pour rompre la malédiction. Or, les personnes prévenues n’ont pas respecté les procédures établies depuis des générations pour infliger en bande organisée des coups mortels à ce jeune garçon.

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