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De la nécessité d’un identifiant pour les peuples de la CEEAC

De la nécessité d’un identifiant pour les peuples de la CEEAC
De la nécessité d’un identifiant pour les peuples de la CEEAC © 2023 D.R./Info241

Dans cette analyse d’Yvan Comlan Owoula, chercheur en histoire des relations internationales, l’auteur revient sur l’impérieuse nécessité de parvenir à un identifiant commun aux 11 peuples de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Pour ce compatriote, « les communautés scientifiques de l’Afrique centrale sont conviées à la conceptualisation d’un identifiant communautaire car cela ne saurait-être une préoccupation subsidiaire ». Lecture.

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Le rendez-vous avec l’histoire est une inéluctabilité pour les peuples du fait de leur caractère dynamique. La posture de l’évolution, de la progression mais surtout des révolutions engage dès lors, et de façon intrinsèque, le vécu des peuples africains noirs selon que ces derniers arrivent à saisir aujourd’hui les marques de leur appartenance à l’histoire de l’humanité.

Si le débat d’une Afrique "ahistoire" a fait bien vite de tomber dans les méandres de l’oublie du fait de sa saugrenuité, cette opportunité offerte par le temps et ses capacités, recommande, dans une relative exigence, aux peuples de l’Afrique des régions, de s’auto identifier selon que les objectifs de cette entreprise mettent nettement en relief la particularité de tous et de chacun. En effet, l’Afrique est riche et ses mystères ne sont que science et ouverture au monde. Cette cosmogonie a conduit depuis l’antiquité les peuples noirs et a su résister au temps et à ses aléas.

De la traite des noirs par les arabes durant plus de XV siècles en passant par celles des occidentalo-européens puis les épisodes de colonisation, de néocolonialisme, force est de reconnaitre que l’altérité issue des ces temps de douleur n’a pas empêché l’Afrique de rennaitre. Entre les lumières de Ch. Anta Diop, Th. Obenga, J-F. Owaye..., sur l’impérieuse nécessité de faire recours aux savoirs endogènes pour l’émergence d’une Afrique au substrat des civilisations "perdues", la notion des revendications identitaires s’impose davantage dans un contexte qui en favorise l’expression pour la construction de chaque partie du continent. Panafricanisme, Négritude et aujourd’hui Afrocentricité sont les indicateurs de l’historicité africaine et chaque entité devrait le comprendre, chacune à sa strate de responsabilité. Une Afrique intégrée, sous le prisme de l’angenda 2063 de l’Union Africaine est d’abord réalisable par l’intégration des CERs comme tente de nous en donner l’exemple la CEDEAO et ses "ouestafricains".

Il urge en effet que l’africanisation tant revendiquée soit un fait affirmé à partir des régions du continent et fasse intervenir ou surgir le sentiment d’appartenance à une communauté avec laquelle on partage les mêmes valeurs. En Afrique centrale, il ne fait aucun doute que la question de l’intégration est mal connue et la CEEAC avec, alors qu’elle a justifié son existence depuis 1983 par la nécessité d’œuvrer à l’intégration des peuples. A ce jour, le principal grief que l’opinion retient de cette organisation est celui de "l’affaire des chefs d’Etats et non des peuples".

Les chantiers de l’intégration étant immenses et herculéens comme l’a rappelle Ali Bongo lors de la 22e session ordinaire des chefs d’Etats-membres et de gouvernement de la CEEAC : « C’est pour moi l’occasion d’adresser les vives félicitations à mon frère son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République démocratique du Congo et président sortant de la CEEAC, le féliciter pour le travail remarquable accompli au cours de son mandat à la présidence de notre communauté pendant toute l’année 2022. Dans un contexte des crises multiples marquées par l’urgence de se relever des conséquences de la covid-19 et de faire face aux effets de la guerre en Ukraine, la CEEAC à su faire preuve de résilience ». Par quoi débuter sous la nouvelle présidence ceeacienne du Gabon ?

« Au moment où il me revient ce jour de prendre la présidence de notre communauté, la scène internationale reste confrontée à des nombreuses crises multiformes je pense notamment aux effets de changement climatique et aux menaces sécuritaires dans le golf de Guinée, au Sahel, dans le bassin de la Tchad et à l’est de la République Démocratique du Congo" a plaidé Ali Bongo. "Toutefois, en dépit de ce contexte difficile, j’ai véritablement foi en la capacité de notre institution commune à relever comme il l’a toujours fait tous les défis auxquels il a été confrontés. [...] Ceci nous recommande d’agir de manière collective avec détermination et solidarité pour nous approprier des dossiers de notre espace régional. Tout au long de mon mandat de président de la CEEAC j’entends porter une attention toute particulière au chantier de financement de notre organisation communautaire", avait-il rajouté.

Les objectifs d’Ali Bongo sont clairs et d’une très haute importance et c’est en cela que les communautés scientifiques de l’Afrique centrale sont conviées à la conceptualisation d’un identifiant communautaire car cela ne saurait-être une préoccupation subsidiaire : l’afrocentralisme. En effet, les afrocentraliens (peuples d’Afrique centrale), aujourd’hui à la croisée de chemins entre hybridité, crise de l’africanisme et insécurité en tout genre en manifestent le besoin, symbole d’équilibre.

Yvan Comlan OWOULA B., chercheur en histoire des relations internationales, spécialité : Paix et Sécurité en Afrique

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