Gabon : D’anciennes stars du régime d’Ali Bongo au cœur du nouveau parti d’Oligui Nguema

Sous les projecteurs du Palais des Sports, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a officiellement lancé son parti politique, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), affirmant ainsi sa volonté de structurer un mouvement propre après sa large victoire à la présidentielle du 12 avril. Cette initiative marque un tournant majeur dans la recomposition de l’échiquier politique national, à l’approche des législatives et locales prévues en septembre.

Mais au-delà du symbole, c’est surtout la composition du bureau politique de l’UDB qui concentre l’attention. Plusieurs personnalités de l’ancien régime y font un retour remarqué, suscitant interrogations et critiques. En première ligne, Frédéric Massavala Maboumba, ancien baron du Parti démocratique gabonais (PDG), passé un temps dans l’opposition avant son arrestation en 2017, retrouve une place de choix. Désormais conseiller spécial du président fondateur, chargé de la stratégie et de l’idéologie, il incarne ce « recyclage politique » que dénoncent certains analystes.
Des figures marquantes du passé en première ligne
Autre retour emblématique : celui d’Éloi Nzondo. Ancien secrétaire général adjoint du PDG, il s’était distingué en 2023 en présentant publiquement ses excuses au peuple gabonais pour les dérives du régime Bongo. Ce mea culpa lui vaut aujourd’hui d’être promu au poste de secrétaire général adjoint de l’UDB, en charge lui aussi de l’idéologie et de la stratégie. Une position clé dans l’appareil du nouveau parti présidentiel.
Oligui Nguema au cœur de ces choix des cadres de son parti
Le directeur de cabinet politique du président fondateur, enfin, Jean Pierre Oyiba n’est autre que l’ancien bras droit d’Ali Bongo à la présidence, artisan discret mais central de la campagne d’Oligui Nguema. Sa nomination, interprétée par certains comme le signe d’une continuité assumée, renforce l’impression d’un recyclage des élites de l’ancien système au sein de la nouvelle majorité.
Une stratégie qui divise l’opinion
Ce choix stratégique interroge : Brice Clotaire Oligui Nguema souhaite-t-il réellement tourner la page du passé ou cherche-t-il à rassurer les anciens réseaux pour mieux asseoir son pouvoir ? Les électeurs, eux, restent partagés. Si certains saluent une forme de pragmatisme, d’autres y voient un frein au changement tant attendu après des décennies de pouvoir PDG.
Quoi qu’il en soit, l’UDB s’impose désormais comme le nouveau centre de gravité du pouvoir. Mais pour gagner en crédibilité, le parti devra convaincre que l’ouverture ne rime pas avec compromission, et que les anciens visages d’hier peuvent incarner, aujourd’hui, une gouvernance différente. Le vrai test aura lieu dans les urnes les 27 septembre et 11 octobre prochains.
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