Gabon : Un budget 2026 à crédit qui prépare une bombe sociale et ouvre le piège du surendettement

Le gouvernement gabonais mise sur un recours massif aux financements extérieurs pour relancer l’économie à travers le Projet de loi de Finances 2026. Mais selon le juriste Franck Bernard Matoundou, derrière les chiffres flatteurs se cache une réalité inquiétante : un déficit budgétaire hors normes, une dette publique déjà au-delà des seuils tolérables et un risque de spirale financière qui pourrait fragiliser l’ensemble de la CEMAC. L’auteur livre aux lecteurs d’Info241 l’analyse d’une trajectoire budgétaire aux conséquences potentiellement explosives. Lecture.

Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026 du Gabon prévoit de lever 3 213,3 milliards de FCFA de financements extérieurs (Finex). Présentée par le gouvernement comme la voie royale pour relancer l’économie, cette option ressemble en réalité à une fuite en avant budgétaire. Derrière les discours rassurants, les chiffres révèlent une trajectoire inquiétante qui pourrait faire basculer le pays dans une crise de la dette.
Un déficit budgétaire hors de contrôle
Les règles de la CEMAC imposent un déficit maximal de 3 % du PIB. Or, le Gabon prévoit un trou budgétaire colossal, compris entre 25 et 27 % du PIB en 2026. Soit près de huit fois la limite autorisée. Ce dérapage, rarement observé dans la sous-région, traduit un mépris inquiétant pour les engagements régionaux et signale une gestion financière en roue libre.
Une dette qui explose toutes les normes
Déjà étouffé par une dette équivalente à 72,5 % du PIB en 2024 , le pays devrait atteindre 80 % en 2025 . Avec le recours massif aux Finex en 2026, le taux d’endettement pourrait franchir le seuil critique de 106 % du PIB . C’est une véritable alarme rouge, quand la norme communautaire fixe le plafond à 70 %. Autrement dit : le Gabon vit largement au-dessus de ses moyens.
Une menace directe pour les Gabonais
Les conséquences sont prévisibles :
Une part croissante du budget servira au remboursement de la dette , et non aux écoles, hôpitaux ou routes.
Le FMI et la BEAC pourraient imposer des mesures d’austérité brutales : hausses d’impôts, gel des salaires publics, réduction des subventions.
Le pays risque une perte de confiance des bailleurs , synonyme de nouvelles restrictions et de dépendance accrue.
En clair : la population paiera la facture d’un choix politique à courte vue.
Le piège d’une économie sous perfusion
À force de vivre à crédit, le Gabon hypothèque son avenir. Chaque nouvel emprunt sert à rembourser le précédent, dans une logique de dette perpétuelle. Cette stratégie ne résout rien : elle aggrave les déséquilibres structurels des finances publiques et creuse la dépendance extérieure. Le pays est en train de sacrifier ses marges de manœuvre budgétaires pour plusieurs générations.
Une responsabilité politique assumée ?
Le gouvernement présente ce recours massif aux Finex comme un « choix stratégique ». Mais en réalité, c’est une fuite en avant dangereuse, qui privilégie la survie politique à court terme au détriment de la stabilité économique à long terme. La question se pose : qui profitera de ces milliards ? Et surtout, qui paiera demain l’addition de cette gabegie financière ?
✅ En résumé : le PLF 2026 n’est pas un plan de relance, c’est un saut dans le vide. Derrière les promesses officielles, il cache une bombe sociale et économique qui pourrait exploser dès les prochaines années. Le Gabon a besoin d’un cap clair, basé sur la discipline budgétaire, la transparence et la diversification, pas d’un endettement sans fin qui met en péril sa souveraineté.
Franck Bernard Matoundou, juriste de formation
@info241.com
