Coup d’état manqué

Kelly Ondo Obiang et ses hommes ont agi pour contrer l’arrivée au pouvoir de Fréderic Bongo

Kelly Ondo Obiang et ses hommes ont agi pour contrer l’arrivée au pouvoir de Fréderic Bongo
Kelly Ondo Obiang et ses hommes ont agi pour contrer l’arrivée au pouvoir de Fréderic Bongo © 2021 D.R./Info241

C’est ce qui ressort de la seconde journée d’audience hier, du procès du coup d’état manqué du 7 janvier 2019. Selon les révélations faites devant la cour lundi, le lieutenant Kelly Ondo Obiang et ses 8 co-accusés ont mené leur opération pour empêcher Frederic Bongo d’arriver au pouvoir en raison de l’AVC qui avait terrassé Ali Bongo quelques mois auparavant. Des révélations qui expliquent la mise à l’écart soudaine du demi-frère d’Ali Bongo, patron des Services spéciaux de la Garde républicaine, envoyé en orbite en diplomatie en Afrique du Sud.

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Kelly Ondo Obiang poursuivi avec 8 de ses hommes pour atteinte à la sureté de l’Etat, est passé hier à la barre pour tout dévoiler des raisons de sa tentative de renverser officiellement Ali Bongo alors que celui était dans un état fébrile à l’étranger, victime d’un AVC. Ce coup d’état avorté aurait ainsi été conçu pour sauver le pays des désirs de pouvoir de son demi-frère Frederic Bongo. Des informations loin de la version jusque-là connue du grand public. Elles éclairent la guerre larvée de clans autour d’Ali Bongo depuis ses ennuis de santé.

Une contre-attaque à l’arrivée au pouvoir de Frederic Bongo

Selon le chef des putschistes, « le 24 octobre 2018, suite à l’accident vasculaire cérébral du président Ali Bongo Ondimba, le pays se retrouvait dans une instabilité. Et à cette période, j’étais commandant par intérim de la compagnie d’honneur de la Garde républicaine. À ce titre j’assistais à toutes les réunions de l’Etat-major. J’avais donc plusieurs informations, je suivais également toute l’actualité politique de mon pays avec la violation de l’article 13 de notre Constitution ». Article à la vacance de pouvoir que s’est refusée de déclarer les institutions gabonaises restées fidèles au président malade.

Kelly Ondo Obiang et ses hommes devant la cour, vendredi dernier

Et de révéler : « Une guerre de clan était née à la présidence de la République, dirigée par le Directeur de service de renseignements. Sur le plan sécuritaire, il y avait la présence des mercenaires sur notre territoire et j’avais constaté un mouvement d’armes. Le directeur de service de renseignements était devenu tout-puissant. Tout le monde avait désormais peur de lui. Fort de ma formation, j’ai donc tiré les conclusions que le frère du président voulait prendre le pouvoir. J’ai pris la responsabilité de lancer une contre-attaque ».

Une arrestation controversée

Cette contre-attaque fut donc la prise de la Maison George Rawiri, abritant les services de Gabon Télévisions et de Radio, où le commando avait appelé à la mise en place d’une transition suite à l’instrumentalisation d’Ali Bongo par la guerre des clans au pouvoir. Un coup d’état pour empêcher le demi-frère d’Ali Bongo d’arriver au pouvoir à la place de son grand-frère donné même pour mort à cette période. Mais les révélations du commando du 7 janvier 2019 ne s’arrêtent pas là.

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D’abord sur les circonstances de son arrestation. « Le porte-parole du gouvernement (Guy Bertrand Mapangou, ndlr) avait dit des contre-vérités sur mon arrestation. Je n’ai jamais été arrêté sous un lit, ou dans une maison », a indiqué devant la Cour spéciale militaire Kelly Ondo Obiang. « Quand j’ai reçu les informations que le directeur de renseignement avait donné l’ordre que je ne dois pas sortir vivant de la RTG, je m’étais donc isolé à côté du transformateur de la RTG », a-t-il rajouté.

Tortures et contre-vérités

Et de révéler : « C’est aux environs de 12h que je me suis dévoilé auprès d’un capitaine de la police. Puis j’ai été conduit à la présidence de la République. J’ai trouvé que tous les hauts officiers étaient en réunion. Le directeur de service de renseignement (Frederic Bongo, ndlr) et ses gars m’ont conduit après dans une pièce isolée. J’étais attaché et torturé pendant plus d’une heure. Ils voulaient que j’attribue la paternité de mon action à Brice Laccruche Alihanga et à la coalition de l’opposition. Il m’a même proposé des milliards et un voyage à l’étranger avec ma famille si j’acceptais de faire une fausse déclaration ».

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Kelly Ondo Obiang et ses hommes ont indiqué avoir été torturés à la présidence gabonaise devant le procureur de la République et son adjoint. « Malgré les sévices, j’ai toujours dit que mon initiative est personnelle. Il m’a montré une seringue avec du sang à l’intérieur, il m’a dit que ce sang est contaminé du VIH et qu’il va m’inoculer si je ne parle pas. C’est ainsi que le procureur de la République, Olivier Nzahou, a fait irruption dans la salle où j’étais torturé. Et il a dit aux gars que le monde entier sait qu’il a été arrêté vivant. C’est à ce moment que j’étais conduit au B2 », a-t-il déclaré hier.

Un procès qui a été ajourné hier en raison de l’exception d’inconstitutionnalité soulevée par les avocats des mis en cause, que le président du tribunal avait pris soin d’empêcher de prendre la parole à l’ouverture de l’audience. Les avocats ont dû quitter l’audience pour faire plier le président devant les violations fragrantes des droits de la défense. Une nouvelle audience a tout de même été programmée pour ce jeudi.

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