Port-Gentil : Des mineurs de la prison centrale à fond sur les petits métiers pour leur réinsertion
Dans un contexte où la réinsertion des jeunes en conflit avec la loi demeure l’un des défis majeurs du système pénitentiaire, une initiative novatrice attire l’attention. Plusieurs mineurs détenus de la maison d’arrêt de Port-Gentil se forment désormais à des petits métiers tels que la coiffure, la couture ou encore la manucure, comme l’a constaté ce vendredi un reporter d’Info241 dans la capitale économique gabonaise. La démarche vise à leur offrir de réelles perspectives d’autonomisation dès leur sortie. Elle s’inscrit dans une approche plus large de réhabilitation par l’acquisition de compétences.
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L’administration pénitentiaire affiche un objectif clair : permettre à ces jeunes de quitter la détention avec des savoir-faire directement exploitables. Au-delà de la technique, ces formations cherchent à transmettre discipline, rigueur, créativité et sens du service. Pour beaucoup de mineurs concernés, il s’agit aussi de reconstruire une estime de soi fragilisée par un parcours souvent heurté. L’initiative met ainsi l’accent sur la préparation concrète à une vie sociale et économique stable.
Un atelier au cœur de la détention
Au sein du centre de détention de la capitale économique, l’ambiance tranche avec l’image habituellement associée à l’univers carcéral. Dans une salle réaménagée en atelier, des jeunes apprennent à manier des ciseaux, maîtriser une tondeuse, confectionner des ourlets ou réaliser une pose de vernis soignée. Les gestes professionnels s’acquièrent par la répétition, sous le regard d’encadreurs spécialisés. Le cadre vise à recréer, autant que possible, les conditions d’un environnement d’apprentissage régulier.
Des jeunes bien décidé à se reprendre
Ces formations sont assurées par des encadreurs qualifiés et des bénévoles issus du secteur artisanal. Elles s’inscrivent dans un programme global de réhabilitation et de prévention de la récidive. « Leur offrir un métier, c’est leur rendre la possibilité de se projeter, de retrouver confiance et de s’intégrer dans une activité économique dès leur sortie », a expliqué ce 5 décembre l’un des responsables du service social. Le message institutionnel est de faire de la compétence un levier de rupture avec le cycle de l’errance et de la marginalisation.
Coiffure, couture, manucure : des choix pragmatiques
La coiffure, la couture et la manucure ont été retenues pour leur accessibilité et leur potentiel économique. Ces activités nécessitent peu d’investissement initial et peuvent être exercées à domicile ou en auto-entrepreneuriat. Elles répondent aussi à une demande constante dans les quartiers populaires. Le choix traduit une logique d’efficacité : former à des métiers rapidement monétisables.
Vers une réinsertion réussie
Les trajectoires envisagées par les jeunes reflètent cette approche concrète. « Quand je sortirai, je veux ouvrir un petit salon de coiffure dans mon quartier », a confié hier un détenu à Info241. Pour d’autres, la couture ouvre des perspectives de retouches, de création ou de confection artisanale. La manucure, particulièrement prisée par les jeunes filles incarcérées, apparaît comme une activité permettant de bâtir une clientèle dès la remise en liberté.
Un programme à consolider
Au-delà du savoir-faire, l’objectif est de réduire les risques de récidive. En dotant les détenus mineurs d’un bagage professionnel, l’administration espère leur offrir un ancrage économique et social durable. L’idée est qu’un revenu possible, même modeste, peut constituer un point d’appui décisif au moment du retour à la vie civile. Le programme mise ainsi sur une prévention par l’insertion.
Des ONG et associations locales plaident toutefois pour un renforcement de ces initiatives. Elles appellent à un accompagnement après la sortie, incluant un suivi psychosocial et une aide à l’installation professionnelle. Les encadreurs soulignent, de leur côté, le manque de matériel et de financements stables pour pérenniser les formations. Pour ces adolescents en quête d’une seconde chance, chaque coupe, chaque ourlet et chaque manucure réussie reste néanmoins un pas concret vers une réintégration possible.
@info241.com
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