Angola : La famille Bongo arrache son exil à Luanda après une médiation de João Lourenço

C’est une annonce fracassante que la présidence angolaise a faite ce jeudi soir sur Facebook. Dans une publication officielle, Luanda a confirmé l’arrivée sur son sol de plusieurs membres de la famille Bongo, jusque-là retenus au Gabon depuis la chute du régime d’Ali Bongo en août 2023. Une annonce sibylline, sans noms ni précisions, mais accompagnée de photos où n’apparaît qu’un seul membre de la famille : Ali Bongo Ondimba, accueilli à sa descente d’avion par des officiels angolais, jeudi 15 mai au soir.

Sans détails sur le nombre exact de membres exfiltrés ni sur les conditions de cette opération, l’annonce suscite de nombreuses interrogations. Le message précise que cette libération est intervenue « suite aux manifestations faites par le président de la République d’Angola et président en exercice de l’Union africaine, João Lourenço, avec le président Brice Oligui Nguema, du Gabon ». Le post angolais évoque un accord obtenu à l’issue d’un échange direct entre les deux chefs d’État, sans préciser si une garantie judiciaire a été levée.
Un exil doré
Cette opération d’exfiltration intervient quelques jours après la visite officielle de João Lourenço à Libreville le 12 mai. Reçu par le président Brice Clotaire Oligui Nguema au palais du Bord de mer, le chef d’État angolais s’était également discrètement rendu au domicile d’Ali Bongo. Le timing interpelle d’autant plus que, deux jours plus tôt, le 9 mai, des fuites révélaient que Sylvia Bongo et son fils Noureddin Bongo, détenus depuis plusieurs mois, avaient été discrètement placés en résidence surveillée auprès d’Ali Bongo.
Un autre cliché de cette arrivée hier soir d’Ali Bongo
L’annonce de la présidence angolaise laisse donc volontairement flou le désormais exil de la famille. Si João Lourenço parle d’une libération de « la famille Bongo », seuls des clichés d’Ali Bongo ont été diffusés. Ni Sylvia, ni Noureddin, ni d’autres membres proches du clan n’ont été aperçus à l’aéroport de Luanda. Ce silence alimente les hypothèses sur une éventuelle évacuation en plusieurs temps, ou sur des tractations politiques encore en cours entre les deux pays.
Et la justice ?
Quand on sait qu’Ali Bongo s’était toujours refusé à quitter le pays sans sa famille, il est donc fort à parier que Sylvia et Noureddin aient été du voyage ou devraient l’être très rapidement. La médiation de João Lourenço, président en exercice de l’Union africaine, semble avoir été décisive dans ce dénouement heureux pour la famille Bongo. Mais ce choix d’un règlement discret et bilatéral interroge : aucune communication officielle n’a été faite par Libreville sur ce transfert, pas même un communiqué du gouvernement ou de la présidence gabonaise.
À l’heure de la Ve République, ce départ en catimini de l’ex-chef d’État, sans cadre judiciaire clair ni message public, pourrait être interprété comme un nouveau signe d’impunité pour un clan resté 56 ans au pouvoir sans discontinuité et sans partage. Pour beaucoup de Gabonais, la question demeure : qu’adviendra-t-il de la justice, si les principaux concernés quittent le pays sans rendre de comptes ? Le silence, pour l’heure, du gouvernement gabonais sur cette « libération » est révélateur du caractère sensible de l’opération.
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