Ralliement

Avant de raccrocher la politique, Ntoutoume Émane va fusionner son parti avec l’UDB d’Oligui Nguema

Avant de raccrocher la politique, Ntoutoume Émane va fusionner son parti avec l’UDB d’Oligui Nguema
Avant de raccrocher la politique, Ntoutoume Émane va fusionner son parti avec l’UDB d’Oligui Nguema © 2025 D.R./Info241

C’est un ralliement à forte valeur symbolique, sinon stratégique, que vient d’enregistrer Brice Clotaire Oligui Nguema. L’ancien Premier ministre Jean-François Ntoutoume Émane, 85 ans, a annoncé ce samedi à Libreville son retrait définitif de la vie politique active et la fusion prochaine de son parti, le Rassemblement des Patriotes Républicains (RPR), avec l’Union démocratique des Bâtisseurs (UDB), la nouvelle formation présidentielle lancée le 5 juillet dernier.

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«  Mon rôle va désormais se limiter à donner des conseils avisés à ceux qui me le demanderont et à témoigner de ce que j’ai vécu, par la parole ou par l’écrit  : on appelle ça des mémoires   », a déclaré hier Jean-François Ntoutoume Émane, surnommé «  Jacky 100 diplômes  », lors d’une déclaration solennelle. Un dernier congrès du RPR devrait se tenir dans les prochains jours afin d’entériner cette double décision : l’officialisation de son retrait, mais surtout la fusion-absorption du RPR au sein de l’UDB. Un geste de loyauté qui marque la fin d’un long itinéraire politique commencé sous Omar Bongo Ondimba, dont Ntoutoume Émane fut le fidèle serviteur pendant plusieurs décennies.

Un ralliement de poids… symbolique

Si cette fusion n’aura probablement qu’un impact limité sur l’échiquier électoral, tant le RPR n’avait plus de poids réel sur le terrain et n’avait pas d’élus actifs, elle n’en demeure pas moins une prise symbolique pour Brice Oligui Nguema. Ce ralliement d’un ancien haut dignitaire du régime Bongo envoie un signal politique fort à ses soutiens et à ses adversaires  : la recomposition du paysage politique autour du président est bel et bien en marche.

La déclaration de l’homme politique

Depuis le lancement officiel de l’UDB, le 5 juillet, les ralliements se succèdent. Mais beaucoup de ces formations absorbées ou alliées sont qualifiées de «  partis gazelles  » : elles surgissent dans les moments électoraux, n’ont ni base militante structurée, ni élus locaux, ni réelle présence sur le terrain. Une situation qui relativise la dynamique apparente de regroupement autour du chef de l’État.

Ntoutoume Émane : le poids de l’expérience

Né en 1939, Jean-François Ntoutoume Émane reste l’un des plus anciens acteurs de la vie politique gabonaise encore en vie. Ministre sous plusieurs gouvernements, ancien directeur de cabinet civil d’Omar Bongo, Premier ministre de 1999 à 2006, puis maire de Libreville, il a longtemps été considéré comme un rouage essentiel du régime PDG. Sa connaissance des arcanes du pouvoir et des institutions pourrait faire de lui un conseiller influent, à défaut d’un acteur opérationnel.

En choisissant de raccrocher discrètement les gants sans fracas, Ntoutoume Émane veut laisser une trace apaisée de son passage : «  Je quitte la scène, mais je resterai disponible pour ceux qui ont besoin de mes lumières   », a-t-il confié. Cette fusion s’inscrit dans la stratégie du président Oligui Nguema, qui cherche à asseoir progressivement la légitimité de sa formation, l’UDB, dans un paysage politique en recomposition. Entre attrait du pouvoir central et volonté d’unification, le président bâtisseur capitalise sur les ralliements pour renforcer son socle de soutien en vue des prochaines échéances politiques.

Un pas de plus vers un parti dominant  ?

Avec l’absorption du RPR, l’UDB continue de se construire à la manière d’un parti-pivot, à l’image de ce qu’a été le PDG durant plusieurs décennies. L’objectif semble clair : fédérer anciens et nouveaux acteurs politiques autour d’un projet présidentiel unificateur.

Cette annonce intervient alors que le Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancienne machine politique d’Ali Bongo Ondimba, traverse une crise de leadership. Le président déchu, toujours en exil médical, continue de revendiquer la présidence du parti, au grand dam de figures comme Blaise Louembé, qui ambitionnaient de reprendre les rênes.

La scène politique en transition

L’adhésion de figures historiques comme Ntoutoume Émane, même tardive, donne le ton d’un basculement progressif du paysage politique vers de nouveaux équilibres. Reste à savoir si ces alliances de circonstance s’appuieront sur une base populaire solide ou s’essouffleront faute de relais locaux.

Avec l’accumulation des ralliements, il ne serait pas surprenant que l’Union démocratique des Bâtisseurs organise dans les semaines à venir un grand congrès fondateur. L’occasion d’acter l’absorption des partis alliés, de structurer sa ligne politique, et de définir son orientation idéologique à moyen terme.

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