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Coup d’Etat : Oligui Nguema détaille les 5 raisons de l’éviction d’Ali Bongo à la tête du Gabon

Coup d’Etat : Oligui Nguema détaille les 5 raisons de l’éviction d’Ali Bongo à la tête du Gabon
Coup d’Etat : Oligui Nguema détaille les 5 raisons de l’éviction d’Ali Bongo à la tête du Gabon © 2024 D.R./Info241

Le 30 août 2023, le Gabon a été le théâtre d’un coup d’État qui a renversé le président Ali Bongo. Mené par les militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), cet événement a été justifié par cinq raisons principales, détaillées par le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, lors de sa tournée provinciale à Franceville le 17 juillet. Parmi elles, l’état de santé d’Ali Bongo, sa perte de contrôle du pays, les changements institutionnels tardifs, les manipulations électorales et le climat politique chaotique généré par tout ceux-ci.

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1. L’état de santé d’Ali Bongo Ondimba

La première raison évoquée est l’état de santé d’Ali Bongo Ondimba. Depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) survenu en octobre 2018 à Riyad, l’ancien président n’a jamais pleinement retrouvé ses capacités de gouvernance. « Nous, militaires, l’avons toujours accompagné d’octobre 2018 à ce jour du 30 août  », a rappelé Brice Clotaire Oligui Nguema. Cet AVC a non seulement affaibli Ali Bongo physiquement mais aussi mentalement, rendant difficile pour lui de prendre des décisions cruciales pour le pays.

Le président de la transition au cours de son périple Altogovéen

Cette situation a eu des répercussions directes sur la stabilité et la cohérence du gouvernement. L’incapacité d’Ali Bongo à remplir ses fonctions présidentielles a créé un vide de pouvoir, amplifiant les incertitudes politiques et administratives. Cette faiblesse prolongée a finalement sapé la confiance des militaires dans la capacité du président à diriger efficacement le Gabon.

2. La perte de contrôle du pays : sa femme et son fils aux manettes

La deuxième raison avancée est la perte de contrôle par Ali Bongo sur les affaires du pays, qui a été transférée à sa femme et à son fils. Ensemble, ils ont formé ce qui est communément appelé la "Young Team". Oligui Nguema a décrit des scènes où des décisions cruciales étaient prises par l’entourage d’Ali Bongo, reléguant ce dernier à un rôle de figure symbolique sans réelle autorité. « Le chef suprême ne tenait plus le pays  », a-t-il affirmé, soulignant ainsi l’impuissance de l’ancien président.

Ce transfert de pouvoir non officiel a exacerbé les tensions internes et suscité des frustrations parmi les dirigeants militaires. Voir le président se cacher derrière sa femme et son fils pour prendre des décisions a miné la légitimité de son leadership. Les militaires ont été particulièrement outrés par cette situation, car elle contredisait les principes d’une gouvernance responsable et transparente.

3. Les changements institutionnels tardifs

La troisième raison repose sur les changements constitutionnels effectués en pleine période électorale. En février 2023, lors de la Concertation politique, Ali Bongo a modifié la constitution pour introduire une élection présidentielle à un seul tour et décréter des élections générales. Ces modifications, intervenant à quelques mois des élections, ont bouleversé le processus électoral et suscité des inquiétudes quant à la transparence et à l’équité des scrutins.

Ces ajustements de dernière minute ont été perçus comme des tentatives désespérées de manipuler le processus électoral en faveur du régime en place. Les militaires, ayant observé ces manœuvres, ont craint que de telles actions ne compromettent encore davantage la stabilité politique du pays. Ils ont également noté que ces modifications allaient à l’encontre des attentes des citoyens gabonais pour un processus électoral juste et équitable.

4. Les manipulations électorales

Les militaires ont également pointé du doigt les manipulations électorales orchestrées par le clan Bongo. Oligui Nguema a mentionné des pratiques douteuses, telles que la gestion opaque des résultats et la coupure d’Internet. « Nous avons fait des fiches de renseignement relevant que le mode d’élection ne répondait pas à l’attente des Gabonais  », a-t-il expliqué, indiquant que ces manœuvres auraient conduit le pays vers le chaos.

Ces manipulations ont non seulement miné la confiance des citoyens dans le processus électoral, mais elles ont aussi créé un climat de suspicion et de méfiance. Les militaires, en tant que gardiens de la sécurité nationale, ont ressenti le devoir d’intervenir pour prévenir un potentiel effondrement de l’ordre public. Leur décision de dissoudre l’élection a été motivée par le désir de rétablir la transparence et de garantir un processus électoral juste.

5. Le climat politique chaotique

Enfin, la cinquième raison concerne le climat politique délétère créé par l’ensemble de ces facteurs. L’incapacité d’Ali Bongo à gouverner, les ingérences de son entourage, les modifications institutionnelles précipitées et les manipulations électorales ont généré une atmosphère d’incertitude et de tension. Oligui Nguema a décrit une situation où les militaires ne recevaient plus d’ordres clairs, exacerbant l’absence de commandement et menaçant la paix sociale. «  Suite à toutes ces choses, nous, les militaires, avons décidé de dissoudre cette élection pour ramener la quiétude et la paix  », a-t-il conclu.

Ce climat de confusion et de désordre a rendu la gestion quotidienne du pays presque impossible. L’absence de directives claires et l’influence excessive de la "Young Team" ont paralysé les institutions gouvernementales. Face à cette situation, les militaires ont estimé qu’une intervention était nécessaire pour éviter une crise plus profonde et rétablir un semblant de normalité dans la gestion du pays.

Ainsi, le coup d’État du 30 août 2023 au Gabon apparaît comme une réponse des militaires à une série de dysfonctionnements et de dérives qui, selon eux, mettaient en péril la stabilité du pays. Ces cinq raisons, exposées par le président de la transition, dressent un tableau sombre de la gouvernance sous Ali Bongo et justifient, aux yeux des putschistes, la nécessité de cette intervention qui a été exacerbée par l’arrivée aux manettes de son fils Noureddin et de sa femme Sylvia jétés en prison depuis.

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