Gabon : Oligui Nguema face à la « patate chaude » du projet de Constitution et ses 801 amendements
Bouclé depuis le 22 septembre, c’est finalement ce 8 octobre que les parlementaires de la transition, réunis durant 10 jours en Constituante, ont remis au président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, leur rapport final contenant pas moins de 801 amendements au projet de nouvelle Constitution du Gabon. La cérémonie solennelle s’est tenue hier au palais présidentiel de Libreville, en présence des présidents des deux chambres, des membres du CTRI, du gouvernement de la Transition, ainsi que des autorités administratives et locales, dont les maires de Libreville, Akanda et Owendo.
Après 16 jours d’attente, retardé par l’agenda chargé du général-président, qui s’est rendu aux États-Unis pour l’Assemblée générale des Nations-Unies et en France pour le sommet de la francophonie, Brice Clotaire Oligui Nguema a enfin reçu hier ce rapport de la Constituante. Initialement prévue au lendemain des travaux de la Constituante, le 23 septembre, la remise du rapport marque une étape cruciale dans le processus de révision constitutionnelle engagé par la transition depuis le renversement de la famille Bongo.
La photo de famille de la cérémonie d’hier
Le projet de constitution, vivement critiqué par la classe politique, contient 194 articles, dont 801 amendements ont été apportés. Le texte de la Constituante a été ramené à 179 articles. Selon le président de l’Assemblée constituante, Jena François Ndongou, tous les articles n’ont pas été modifiés. Les débats houleux ont émergé autour des sujets sensibles comme la nature du régime politique, les critères d’éligibilité à la présidence, l’équilibre des pouvoirs, les rapports entre l’exécutif et le parlement, ainsi que l’indépendance de la justice.
Les conclusions de ces travaux sont désormais entre les mains du CTRI et du gouvernement de la transition, qui devront élaborer la version finale du texte à soumettre au référendum. Autant dire que le CTRI et le gouvernement détiennent les clés d’un « oui » ou d’un « non » sur lesquels les gabonais auront à se prononcer d’ici dé décembre. Ce projet de constitution, véritable patate chaude, représente un enjeu capital pour Oligui Nguema et ses hommes, appelés à rendre des arbitrages décisifs.
Un « oui » massif au référendum serait perçu comme un plébiscite pour le régime militaire et ses défenseurs, tandis qu’un « non » constituerait un camouflet de taille pour les auteurs du coup d’État ayant renversé Ali Bongo dont leur volonté de « restauration » et de « libération » véritable du pays des démons du passé. Le sort de la transition semble désormais étroitement lié à l’issue de cette consultation populaire qui devra tourner définitivement la page des 56 ans de règne de la famille Bongo sur le pays et ses instituions viciées.
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