Gabon : Un haut gradé de la sécurité du président Oligui Nguema limogé pour plusieurs fautes lourdes

Coup de tonnerre au sein de la Garde républicaine (GR) en charge de la protection du président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema. L’unité d’élite a procédé, ce mardi 14 octobre à la révocation du lieutenant-colonel Lucamar Ankama alias "Power", commandant du Groupement de sécurité rapprochée (GSR) de la GR et neveu du président. Selon une note de service officielle n°001728/RG/PR/GR authentifiée par l’AGP, cette décision serait motivée par de « graves manquements à la discipline militaire ». Le poste stratégique laissé vacant a été immédiatement confié au lieutenant-colonel Mabele Djeskain, nouvellement nommé à la tête du GSR.


Ce limogeage retentissant intervient dans un climat de tension au sein de l’appareil sécuritaire présidentiel. L’officier déchu est soupçonné d’avoir joué un rôle central dans l’enlèvement de l’homme d’affaires chinois Wang le 29 septembre dernier, assorti d’une tentative de rançon de 1,5 milliard de francs CFA. Selon plusieurs sources sécuritaires, il aurait également donné l’ordre d’ouvrir le feu sur des agents de la Direction générale des recherches (DGR) lors d’une mission présidentielle, provoquant un incident grave entre deux unités relevant de l’État-major.
Une note officielle qui met fin à un règne
La note signée du général de brigade Antoine Balakidra, commandant en chef de la GR, officialise la réorganisation du Groupement de sécurité rapprochée, structure chargée de la protection immédiate du chef de l’État. Ce document, authentifié par plusieurs sources militaires, précise que le lieutenant-colonel Mabele Djeskain prend ses fonctions à compter de ce mercredi 15 octobre. En quelques lignes, la note met ainsi un terme à la carrière d’un officier longtemps considéré comme l’un des hommes les plus puissants du dispositif sécuritaire présidentiel. Selon nos informations, il était déjà sous le coup d’une mise à pied de sa hiérarchie.
La note officielle
Au sein des casernes, cette chute spectaculaire n’a surpris qu’à moitié. Le lieutenant-colonel Ankama, réputé pour son tempérament autoritaire et ses méthodes expéditives, cristallisait depuis plusieurs mois les critiques internes. Son nom revenait avec insistance dans plusieurs affaires embarrassantes liées à des abus de pouvoir et à une gestion opaque de certaines opérations spéciales. Le haut commandement, sous pression, cherchait une issue rapide pour préserver la crédibilité de la Garde républicaine, symbole de l’autorité et de la stabilité institutionnelle.
Rétablir la discipline et la cohésion au sommet
Pour le pouvoir exécutif, ce limogeage vise à rétablir la discipline et la cohésion au sommet de la sécurité présidentielle. Le lieutenant-colonel Mabele Djeskain, décrit comme un officier méthodique et loyal, aura la lourde tâche de réorganiser le GSR, pilier essentiel de la protection rapprochée du président de la République. Sa nomination s’inscrit dans une volonté claire de resserrer le contrôle de l’État sur les structures de sécurité, après une série d’incidents ayant terni l’image de l’appareil militaire.
Le sulfureux militaire
Au-delà de la sanction individuelle, l’affaire Lucamar Ankama résonne comme un avertissement adressé à l’ensemble de la chaîne de commandement. En limogeant l’un de ses officiers les plus proches du pouvoir, la Garde républicaine rappelle qu’aucun grade ni aucune position n’offrent d’immunité face à la loi militaire. Dans un contexte post-transition marqué par des exigences de transparence et de rigueur, cette décision traduit une volonté politique ferme : rétablir l’autorité, la discipline et l’exemplarité au cœur de la République.
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