Lambaréné : Battu, Paul-Marie Gondjout crie au loup et conteste la victoire de sa rivale du PDG

Le climat politique est tendu à Lambaréné (Moyen-Ogooué) après le second tour des élections législatives du 11 octobre. Battu par la candidate du Parti démocratique gabonais (PDG), le candidat de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), Paul-Marie Gondjout, a vivement dénoncé ce dimanche « une mascarade électorale » entachée, selon lui, d’irrégularités massives. Dans une déclaration lue devant la presse locale, l’actuel ministre de la communication et des Médias a affirmé que « ce qui s’est passé à Lambaréné est la négation totale de ce que le CTRI a bâti le 30 août 2023 ».

Arrivé en tête au premier tour, Paul-Marie Gondjout accuse sa rivale Madeleine Rogombé ep. Berre déclarée victorieuse d’avoir bénéficié d’un système organisé de corruption électorale. Il évoque « l’achat des consciences aux abords des bureaux de vote », « la distribution de bons alimentaires le jour du scrutin », et même « des cérémonies nocturnes où des communautés entières ont été contraintes de jurer fidélité en échange d’un soutien matériel ». Ces pratiques, dit-il, rappellent « les sombres moments des parodies d’élections organisées par le régime déchu ».
Des résultats contestés et un recours annoncé
Selon les chiffres officiels proclamés par la Commission départementale électorale, Paul-Marie Gondjout a recueilli 1 918 voix, soit 47,92 % des suffrages exprimés, contre 2 081 voix, soit 52,07 %, pour Madeleine Berre, élue députée de Lambaréné. Au premier tour, le candidat de l’UDB était pourtant arrivé en tête avec 39,05 %, devançant légèrement sa rivale du PDG (37,71 %). Un renversement de tendance que M. Gondjout attribue à « des irrégularités documentées et massives ».
L’intégralité de sa déclaration
Dans sa déclaration, M. Gondjout s’est également livré à une charge politique d’une rare virulence. « Le 11 octobre a été la journée de la honte, orchestrée par les mêmes qui autrefois tenaient les corps et les esprits des populations de Lambaréné » , a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « Nous n’avons pas le droit de saboter notre propre libération ni d’humilier notre peuple pour préserver des intérêts égoïstes ».
Une dénonciation des pratiques et de la pauvreté instrumentalisée
Il a également dénoncé « la manipulation de la pauvreté » comme instrument électoral, estimant que « la misère des populations ne doit pas servir de levier pour acheter des votes ». Refusant de citer directement sa rivale, il a toutefois pointé « la perpétuation par la ruse et par l’argent d’un système PDG » qu’il juge contraire à la vision de réforme incarnée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema. « Je crois en un Lambaréné libre, bâti sur la vérité et le travail, pas sur la peur ni les faveurs », a-t-il insisté.
Tableau comparatif des résultats du scrutin à Lambaréné
Tour de scrutin | Candidat (Parti) | Voix obtenues | % des suffrages exprimés | Position |
---|---|---|---|---|
1er tour | Paul-Marie Gondjout (UDB) | 1 593 | 39,05 % | 1er |
Madeleine Berre (PDG) | 1 538 | 37,71 % | 2e | |
2e tour | Paul-Marie Gondjout (UDB) | 1 918 | 47,92 % | 2e |
Madeleine Berre (PDG) | 2 081 | 52,07 % | Élue |
Ce bras de fer verbal met en lumière les tensions persistantes autour de la sincérité du vote dans le Moyen-Ogooué. Tandis que Paul-Marie Gondjout prépare son recours, ses partisans dénoncent une « confiscation du choix populaire » et réclament une reprise du scrutin. Dans le camp du PDG, on célèbre au contraire « la victoire du travail de terrain et de la fidélité aux idéaux du parti ». Une chose est sûre : la bataille politique de Lambaréné ne semble pas encore terminée.
Principaux griefs soulevés par Paul-Marie Gondjout (UDB)
Catégorie d’irrégularité | Description des faits dénoncés | Conséquences selon le candidat |
---|---|---|
Achat de voix | Distribution d’argent et de bons alimentaires aux abords et à l’intérieur des bureaux de vote. | Violation du principe de liberté de choix et « marchandisation du vote ». |
Corruption électorale organisée | Utilisation de ressources matérielles et financières pour orienter le scrutin. | Maintien d’un système « hérité du régime déchu », contraire à l’esprit du CTRI. |
Pressions et intimidations | Menaces et harcèlement psychologique à l’encontre des électeurs favorables à l’UDB. | Climat de peur et de contrainte ayant influencé les résultats. |
Manipulation communautaire | Organisation de « cérémonies nocturnes » imposant des serments de fidélité contre rétributions. | Instrumentalisation des appartenances ethniques et religieuses à des fins politiques. |
Instrumentalisation de la pauvreté | Exploitation de la précarité des populations pour obtenir des votes en échange d’aides ponctuelles. | Dégradation de la dignité citoyenne et affaiblissement de la conscience politique. |
Compromission morale | Usage présumé de pratiques « mystico-fétichistes » pour influencer les électeurs. | Atteinte à la sérénité du scrutin et aux valeurs démocratiques. |
Violation de l’esprit du 30 août 2023 | Retour à des pratiques électorales « d’un autre temps », dénoncées depuis la transition militaire. | « Sabotage » de la restauration démocratique voulue par le président Oligui Nguema. |
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