Général Raphaël Mamiaka, ce haut gradé de l’armée gabonaise devenu homme politique
Il y a chez certains hommes, un désir ardent d’engagement et du sens du devoir. En Afrique généralement, la gent masculine était traditionnellement formée aux combats et aux différentes techniques de guerre pour assurer la défense de la tribu ou du village dont elle était issue. Cette pratique disparue peu à peu au fur et à mesure que les colons européens renforcèrent leur implantation. Le colon avait pour but l’anéantissement aux forceps de toute forme de résistance indigène contre sa présence. Ce qu’il réussit plutôt bien.
Par la suite, des troupes d’armées coloniales furent créées pour défendre les intérêts de la France quand le besoin se faisait sentir. En Afrique équatoriale française (AEF), ce fut le cas dans les différents territoires régionaux qui la composaient. Au Gabon par exemple, les guerriers locaux d’autrefois furent remplacés par des volontaires qui firent de la France leur mère patrie échangeant haches, arcs et toutes autres armes traditionnelles contre les armes à feu.
Nous nous penchons aujourd’hui sur la vie de Raphaël Mamiaka (1936-2019), un ancien combattant des troupes coloniales françaises ayant atteint le grade de commandant en chef de la gendarmerie nationale du Gabon en qualité de général dudit corps de l’armée locale. Il fut, entre autres, membre du gouvernement sous la présidence de Bernard Bongo.
Naissance
C’est en Afrique équatoriale française (AEF) que naît Raphaël Mamiaka le 12 novembre 1936. Il est natif du territoire « Gabon » précisément du village Booué localisé dans la région de l’Ogooué-Ivindo qui elle est située dans le nord-est de cette circonscription administrative Aefienne.
Cursus
C’est dans son Ivindo natal que Raphaël Mamiaka débutera ses études. Il fut envoyé à l’école primaire et en sortit nanti de son Certificat d’études primaires indigènes (CEPI). Très tôt, il s’engage dans l’armée coloniale et décide d’y faire carrière. Mais il rejoindra d’abord l’Institut d’enseignement secondaire de Paris en France et celle d’Alger en Algérie. Attiré par le commandement, Raphaël Mamiaka décide de se perfectionner dans le maniement des outils cognitifs et d’opérations qui lui serviront à atteindre ses objectifs. Il est admis au Centre d’instruction de la commune algérienne Fort-De-l ’Eau (Bordj-El Kifan de son vrai nom) puis il rejoint le Nord-Est de l’hexagone notamment l’Ecole militaire préparatoire de Strasbourg. Il y obtient un certificat interarmes et celui des brevets d’armes du 1er et du 2ème degré à Besançon (ville de l’Est de la France). Au début des années 1960 précisément en 1963, Raphaël Mamiaka intègre l’Ecole d’application de l’infanterie à Saint-Maixant devenue l’Ecole nationale des sous-officiers le 1er septembre 1963 ; bien avant cela, il suit des cours d’initiation de droit dans la commune parisienne du nom de Maisons-Alfort à Paris dans le but d’être copté à l’Ecole des officiers de gendarmerie de son pays natal. Une fois rentré au Gabon, Raphaël Mamiaka est recruté à la gendarmerie nationale du Gabon et s’envole à nouveau pour la France et s’inscrit au Cours Supérieur l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale situé dans la commune de Melun en région Ile-de-France. Durant la même période, Raphaël Mamiaka suit des cours de droit à l’Institut de criminologie et de droit pénal de la faculté de droit et des sciences économiques de Paris.
Carrière dans l’armée française
En 1953 alors qu’il n’a que 17 ans, Raphaël Mamiaka s’engage dans l’armée française. Pendant qu’il poursuit ses études secondaires à Paris et à Alger, Raphaël Mamiaka désire rejoindre le front. En ce moment, l’armée française est engagée dans une guerre meurtrière du nom de « Guerre d’indépendance d’Indochine ». Mais pour l’heure, Raphaël Mamiaka officiera d’abord au Moyen-Congo puis en Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine). Puis en qualité de citoyen français, nationalité acquise après que les anciens territoires français d’Afrique ne soient devenus des colonies françaises d’Outre-mer après le référendum de 1946 donnant naissance à l’Union française, Raphaël Mamiaka est envoyé au Viêt Nam pour combattre aux côtés de l’armée française durant le conflit armé qui se déroule en Indochine française regroupant le Vietnam, le Laos et le Cambodge. Malgré l’aide matérielle et logistique américaine, l’armée française est évincée.
Après ce fait d’arme, Raphaël Mamiaka est envoyé sur le théâtre des opérations algériennes au cours de la guerre d’Algérie. Ce nouveau conflit armé qui oppose la France aux nationalistes algériens principalement réunis sous la bannière du Front de libération nationale (FLN). Raphaël Mamiaka sera alors sur divers fronts lors de cet historique embrasement. Rappelons que cette lutte armée était un conflit militaire et diplomatique mais aussi une double guerre civile entre les communautés d’une part et à l’intérieur des communautés d’autre part. Ces hostilités se déroulèrent principalement sur le territoire dit de l’Algérie française avec des répercussions donnant aussi lieu à des manifestations brutalement réprimées en France métropolitaine. Cette importante opposition eu des conséquences graves telles que la chute de la Quatrième République.
Carrière d’officier dans la gendarmerie gabonaise
Après sa formation à l’école militaire préparatoire de Strasbourg, Raphaël Mamiaka regagne le Gabon et est recruté par la toute nouvelle armée gabonaise. En 1964, il devient sous-lieutenant après sa formation à l’Ecole nationale des sous-officiers anciennement dénommée Ecole d’application d’infanterie de Saint-Maixant en France. Songeant à devenir officier titulaire, il se perfectionne à Paris et intègre cette fois-ci, la gendarmerie nationale du Gabon. Après avoir suivi une formation au Cours supérieur à l’Ecole supérieure des officiers de gendarmerie en Ile-de-France, Raphaël Mamiaka atteint le grade de lieutenant le 1er avril 1966. En 1968, Raphaël Mamiaka atteint le grade de capitaine.
Après près de 9 ans de service, il est promu Général de brigade le 1er janvier 1975. C’est en 1990 que le désormais Général Raphaël Mamiaka atteint le sommet hiérarchique au sein de l’armée gabonaise en devenant commandant en chef de la gendarmerie nationale gabonaise en remplacement du général Nzong André. Le Général Raphaël Mamiaka occupera cette fonction durant quatre années. Par ailleurs, le Général Raphaël Mamiaka a exercé en qualité de commandant des compagnies du Woleu-Ntem et de la Ngounié, commandant de la Légion de gendarmerie nord-est et commandant de la section autonome de Moanda.
Carrière politique
Avant l’année 1969, les officiers de la l’armée gabonaise ne prenait pas part à la vie politique et aux décisions administratives du pays. Constitutionnellement, les militaires ne bénéficiaient d’aucune éligibilité politique et/ou publique. Mais de manière tacite, plusieurs sinon tous les hauts gradés de l’armée gabonaise se devait d’adhérer au Parti démocratique gabonais, parti unique à cette période. Pour très certainement prévenir toute forme de soulèvement militaire comme celui de 1964, le président de l’époque, Albert Bernard Bongo, décida d’intégrer des responsables militaires au sein de l’appareil décisionnel aussi bien dans l’administration centrale et territoriale que dans les municipalités et les corps constitués. Le 24 février 1969, un remaniement ministériel a lieu.
Le Général Raphaël Mamiaka est nommé au sein du gouvernement gabonais pour occuper la fonction de secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur, chargé du service pénitentiaire. Le 3 décembre de la même année, il est choisi pour être le nouveau secrétaire d’Etat à la Présidence de la République, chargé de l’Intérieur. Quatre jours plus tard précisément le 7 décembre 1969, on lui confie le portefeuille ministériel de l’Intérieur. Il sera, entre autres ministre de la Santé publique et de la Population, conseiller du chef de l’Etat et président du Fonds d’entretien routier. Durant ces années où il prit part à la gestion de la cité, le Général Raphaël Mamiaka devint le leader politique de l’Ogooué-Ivindo. Musicien à ses heures perdues, une chanson du nom de « Mapoma, la fille de l’Ivindo » fut sa meilleure composition musicale.
Disparition
Le Général Raphaël Mamiaka livre sa dernière bataille le 19 novembre 2019 et s’en va ainsi retrouver ses nombreux frères d’armes tombés bien avant lui. Il avait été admis dans un établissement privé de Libreville suite à une affection médicale. Celui dont les proches appelaient chaleureusement « Mami » fut inhumé dans son Ivindo natal au sein même de sa résidence familiale « Le Mont des Sages ».
Les populations de la contrée se déplacèrent en masse pour venir rendre un dernier hommage à ce fils de Booué. Une messe de requiem lui fut rendue, un tour de ville ainsi que des honneurs militaires lui furent présentés. Des personnalités politiques, militaires et plusieurs dignitaires eux aussi, souhaiter, un repos éternel au défunt à l’instar du Général Hubert Nganga, des anciens ministres Ernest Mpouho Epigat, Rigobert Ikambouayat Ndéka ou encore Jean-Marie Ogandaga.
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