Exploitation

Grand Libreville : Une opération coup de poing de 48h révèle l’ampleur de l’exploitation des mineurs

Grand Libreville : Une opération coup de poing de 48h révèle l’ampleur de l’exploitation des mineurs
Grand Libreville : Une opération coup de poing de 48h révèle l’ampleur de l’exploitation des mineurs © 2025 D.R./Info241

Pendant deux jours, les 11 et 12 décembre, les autorités gabonaises ont levé un coin de voile sur une réalité que beaucoup pressentaient sans vraiment la mesurer. Une vaste opération conjointe menée dans le Grand Libreville par la Direction des affaires sociales, de la protection de l’enfance et de l’assistance judiciaire (DASPEAJ), le parquet de la République et les officiers de police judiciaire (OPJ) a permis l’interpellation de 46 mineurs. Sept d’entre eux ont été placés en garde à vue pour des faits graves d’exploitation, de négligence et de mauvais traitements, selon une source ministérielle.

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 Une descente ciblée dans les « zones rouges » de la capitale

La mission, dirigée par Gladys Maganga Amoussou, directeur de la DASPEAJ, a ciblé plusieurs points névralgiques de la capitale : Nzeng-Ayong, la gare routière, le marché Mont-Bouët, Awendjé, le Carrefour GP et le carrefour Louis. Autant de lieux identifiés comme zones à risque, où les enfants en situation de rue, de vulnérabilité ou d’errance sont régulièrement signalés. Sur place, les équipes mixtes ont procédé à des contrôles, des constatations et des signalements, mais aussi à des orientations en vue d’une éventuelle prise en charge sociale ou d’une saisine du Parquet.

Selon la DASPEAJ, seuls les mineurs pris en flagrant délit de consommation de stupéfiants ou d’alcool, ainsi que ceux clairement soumis à des formes d’exploitation, ont fait l’objet de mesures coercitives. Les autres ont été recensés, entendus et, pour beaucoup, renvoyés vers leurs familles avec un rappel ferme à la loi et aux obligations parentales.

 46 mineurs interpellés, un réseau d’exploitation en toile de fond

Sur les 46 enfants interpellés, les parents de 35 d’entre eux se sont présentés auprès des services sociaux et ont été admonestés avant la relaxation de leurs enfants. Cette étape de médiation et de recadrage a été présentée comme essentielle par les équipes de la DASPEAJ, qui insistent sur la responsabilité première des familles dans la protection des mineurs.

Les sept enfants maintenus en garde à vue constituent toutefois le volet le plus préoccupant de l’opération. Il s’agit de trois garçons burkinabè, de trois jeunes filles togolaises et d’un garçon nigérian âgé de 15 ans. Tous auraient déclaré être exploités et maltraités par un réseau encore non identifié. Leur profil, leur nationalité et les premiers éléments recueillis renforcent la piste d’un système structuré de traite ou d’exploitation de mineurs, mêlant travail forcé, mendicité organisée, voire d’autres formes d’abus.

 Prévention, répression et coopération renforcée

La mission du Parquet de la République, représenté par le substitut du procureur Mengue Ogandaga Vanida Charline, visait autant à sanctionner qu’à prévenir. L’objectif affiché est de renforcer la synergie entre services sociaux, autorités judiciaires et forces de sécurité, conformément au Code de l’enfant gabonais et au Code pénal, qui répriment l’exploitation, les violences, ainsi que la fourniture de stupéfiants ou d’alcool aux mineurs.

Au-delà des chiffres, cette opération de deux jours agit comme un révélateur. Elle montre que le phénomène des enfants livrés à eux-mêmes, exposés aux drogues, à l’alcool et aux réseaux d’exploitation, dépasse le simple registre de « cas isolés ». Il s’agit d’un enjeu de protection de l’enfance, mais aussi de sécurité publique et de cohésion sociale dans une agglomération où la précarité et l’urbanisation non maîtrisée alimentent les vulnérabilités.

Les autorités promettent de poursuivre ces opérations et d’intensifier les actions de sensibilisation auprès des familles, des commerçants, des transporteurs et des leaders communautaires. Reste désormais à transformer ce coup de projecteur en politique durable de protection, capable de prévenir plutôt que de seulement constater, et de démanteler les réseaux qui prospèrent sur la misère des plus jeunes.

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