La Concertation politique d’Ali Bongo signe le retour aux élections à un tour avec mandats illimités
Les travaux de la Concertation politique qui se sont tenus durant 10 jours du 13 au 23 février ont livré leurs conclusions. Malgré que ces résolutions n’aient pas été dévoilées hier, elles ont fini par fuité dans la soirée sur la toile et autres groupes WhatsApp. On y note le retour aux scrutins à un tour dans le pays et la non limitation des mandats y compris présidentiels ramenés tous à 5 ans mais illimités. Des « avancées » saluées jeudi par Ali Bongo dans son discours de clôture.
Annoncée en grande trombe pour opérer de grandes reformes du Code électoral pour des élections apaisées, la Concertation politique convoquée par Ali Bongo a signé le retour aux scrutins à un tour pourtant acté lors du Dialogue politique d’Angondjé de 2018. Un nouveau recul pour la démocratie gabonaise qui semble faire le bonheur des participants de la majorité et de l’opposition et du président Ali Bongo.
Ali Bongo recevant hier les conclusions des travaux
En clair, toutes les mesures allant vers plus de transparence électorale et véritablement vers des élections apaisées telles que la reforme du Centre gabonais des élections (CGE) ou du Conseil national de la démocratie (CND) ont été abandonnées au futur comité de suivi de la Concertation. C’est elle qui sera en charge de mettre en musique les reformes plus importantes et finalement plus utiles pour apaiser les scrutins électoraux dans le pays.
Les 70 participants au lieu des 80 prévus, sont ainsi parvenus qu’à des consensus cosmétiques sur les montants de la caution à verser par les candidats à chaque scrutin, l’abaissement de 5 ans de l’âge d’éligibilité des sénateurs ou encore celui des candidats à la présidentielle qui est ainsi passé de 18 à 30 ans. Majorité et opposition n’ont ainsi trouvé que 15 points de consensus qui ne participeront aucunement à l’apaisement des scrutins dont la présidentielle qui donne toujours droit à de vives contestations.
Voici les 15 points d’accord obtenus lors de cette concertation :
- le Principe de l’alignement de tous les mandats politiques et l’harmonisation de leur durée à cinq (5) ans (mandats du Président de la République, des Sénateurs, des Députés et de élus locaux) ;
- la non-limitation de tous les mandats politiques ;
- l’adoption du scrutin à un tour pour toutes les élections politiques ;
- la désignation des membres des Bureaux des Conseils locaux à la proportionnelle, en cohérence avec l’élection des Conseillers locaux ;
- le passage de 18 ans à 30 ans : âge d’éligibilité pour le Président de la République ;
- le passage de 40 ans à 35 ans : âge d’éligibilité pour les Sénateurs ;
- le passage de vingt millions (20.000.000 FCFA) à dix millions (10.000.000 FCFA) pour la caution de candidature à l’élection présidentielle ;
- le passage de cinq cent mille (500.000. FCFA) à trois cent cinquante mille (350.000 FCFA) pour la caution de candidature aux législatives et sénatoriales ;
- le passage de trois cents cinquante mille (350.000 FCFA) à deux cents cinquante mille (250.000 FCFA) pour la caution de candidature aux élections locales ;
- le maintien du statu quo ante pour le financement des campagnes électorales ;
- la nomination des Sénateurs par le Président de la République, de manière équitable entre les deux camps politiques ;
- le passage du délai d’enrôlement de 45 à 30 jours ;
- l’accord de principe sur l’inscription des primo-électeurs en tous lieux du territoire national ;
- l’accord sur l’achèvement du chantier de l’introduction de la biométrie dans le processus électoral ;
- l’accord de principe sur l’examen des mesures d’apaisement.
Les véritables reformes ont été confiées au comité de suivi qui sera mis en place ultérieurement et dont l’effectivité est loin de voir le jour avant la présidentielle prochaine. Il s’agit de :
- d’un Groupe de Travail paritaire Majorité-Opposition, chargé d’évaluer les coûts et la durée de l’extension de la biométrie sur l’ensemble du processus électoral ;
- du statut de l’Opposition devant favoriser la modernisation du modèle de la démocratie gabonaise, à partir du projet de texte versé au débat par le groupement des Parties de l’Opposition ;
- du redécoupage électoral et administratif devant assurer, outre les critères démographiques, un meilleur équilibre des territoires ;
- de l’examen de réformes relatives au Conseil national de la démocratie et au le Centre gabonais des élections ;
- de l’étude des conditions d’annulation des frais du contentieux électoraux exigés par la Cour constitutionnelle et la réparation des erreurs matérielles par elle ;
- de la problématique du financement des parties politiques et leurs réformes ;
- de la possibilité pour les citoyens-électeurs de s’inscrire en tous lieux du territoire, à l’instar de ce qui se fait déjà pour la radiation ;
- de l’assouplissement des conditions d’organisation des réunions publiques par la modification des textes législatifs et réglementaires y relatifs ;
- de la possibilité d’introduire une dose de proportionnelle dans l’élection des parlementaires ;
- des mesures d’apaisement, notamment par la prise des décisions administratives au bénéfice des compatriotes qui en exprimeraient le souhait, en dehors ou à l’intérieur du territoire national ;
- l’adoption du scrutin à un tour pour toutes les élections
- par l’indemnisation des victimes des violences postélectorales de 2016.
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