Portrait

René Radembino Coniquet : l’inamovible secrétaire général de la présidence gabonaise

René Radembino Coniquet : l’inamovible secrétaire général de la présidence gabonaise
René Radembino Coniquet : l’inamovible secrétaire général de la présidence gabonaise © 2021 D.R./Info241

Nul ne saurait remettre en cause la fidélité et la loyauté d’un homme qui jure allégeance à ses idéaux et à ceux qui lui apporte assistance pour parvenir à ses fins et cela en dépit de son appartenance politique ou sociale. Mais la notion de démocratie pose toutefois les jalons d’un questionnement pertinent et permanent quant à la posture à adopter. Les régimes politiques dépendent très souvent d’hommes et de femmes de confiance qui selon les opinions divergentes d’une société, s’inscrivent en faux ou en adéquation avec l’ère du temps.

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La gestion de la cité relève de prises de position fortes et réfléchies au gré des jugements adverses et contraignants. La vie politique est ainsi élaborée mais seule l’histoire est l’omniprésent témoin de la place et de la considération qu’un acteur politique occupera dans l’esprit de la plèbe qui constitue une République. Comme dans bien des pays à travers le monde, les Etats d’Afrique et surtout ceux d’Afrique centrale ont été très souvent rythmé par l’existence d’une adversité bipartite en dehors des périodes autocratiques qui ont connu un essoufflement idéologique et constitutionnel suite à l’évolution du monde.

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Au Gabon, le Bloc démocratique gabonais (BDG) et l’Union sociale et démocratique gabonaise (USDG) ont été les deux principales formations politiques à organiser la vie politique. Après la mort du président Léon Mba Minko, son successeur du nom de Albert-Bernard Bongo dirigea d’une main de fer le pays en imposant un régime monopartite caractérisé par l’oppression et la corruption. Avec la chute du mur de Berlin en 1989 et l’arrivée du président socialiste français François Mitterrand ainsi que la fin de la guerre froide, plusieurs dirigeants-dictateurs africains instaurent à nouveau la démocratie. Mais ces politiques nocives d’autocratie ont été entretenues par des hommes « instruits » qui au fil des années ont fait preuve de bon sens et de répartie devenant pour beaucoup des « avisés » de la politique nationale. René Radembino Coniquet (1932-2014) était l’un d’entre eux.

 Naissance

René Radembino Coniquet est né le 26 juin 1932 dans la ville de Libreville. Sa mère était d’ethnie Mpongwè et son père qui était de nationalité française n’admis jamais être son géniteur, c’est en cela qu’il se considérait entièrement gabonais. Il grandit à Toulon, un village situé dans la périphérie de Libreville et devenu un quartier à part entière de la capitale. C’est en cela qu’il se considérait entièrement gabonais. Père de sept enfants, il était également marié à l’état-civil.

 Etudes

A l’âge de huit ans, le jeune Radembino Coniquet débute sa formation scolaire en intégrant le primaire. En 1949. Il obtient son Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE). Par la suite en 1950, il rejoint Brazzaville pour étudier à l’Ecole des cadres supérieurs de l’Afrique équatoriale française et est auréolé d’un diplôme de fin d’études. En 1958, René Radembino Coniquet s’envole ensuite pour la France et fait ses classes à l’Ecole nationale de la France d’outre-mer (ENFOM).

Devenue l’Institut des hautes études d’outre-mer (IHEOM) en 1959, c’est à la suite de l’adoption de la loi-cadre Gaston Deferre que le principe de l’africanisation des cadres de l’administration coloniale fut mis en musique. Cette école avait donc pour mission la formation des cadres de l’administration française notamment des administrateurs, des inspecteurs du travail et des magistrats. Il y reçut le brevet d’administrateur civil spécialité finances municipales et planification.

 Retour en Afrique et carrière politique

De retour sur son continent natal, René Radembino Coniquet intègre les rangs de l’administration coloniale et y travaille à la direction locale de la police au sein du cabinet du commissaire de l’Afrique équatoriale française (AEF) avec la fonction de cadre moyen chargé de l’immigration. Il assiste aux premières élections législatives gabonaises en tant qu’administrateur civil ainsi qu’à l’élection présidentielle qui vit Léon Mba l’emporter. Son pays ayant accédé à l’indépendance en 1960, le président Mba lance un appel à l’endroit des « instruits » et des « cadres » du pays, pas en grand nombre en ces temps.

L’heure est à la construction de la nouvelle République. René Radembino Coniquet comme beaucoup d’autres gabonais regagnent le pays. Il est alors envoyé au ministère des finances et y occupe le poste de directeur adjoint. Il est par la suite préfet adjoint de la province du Haut-Ogooué et préfet de la province de la Ngounié. En 1963, Léon l’invite à le rejoindre à la présidence pour lui confier le poste de conseiller du président chargé des affaires africaines et malgaches en sus de secrétaire général du conseil des ministres.

Trois ans après, Léon Mba le nomme secrétaire général du gouvernement. Albert-Bernard Bongo succède au président Léon Mba et décide de s’attacher à nouveau les services de René Radembino Coniquet qui est resté loyal et proche de Léon Mba jusqu’à sa mort ; il faut dire que les deux hommes se connaissaient bien car ils avaient à maintes reprises travaillé de concert à la présidence durant le règne de Mba. Il revient à la présidence en 1968 à la suite de sa nomination au poste de secrétaire général de la présidence ; c’est cette année qu’il intègre les rangs du Parti Démocratique gabonais (PDG).

Cinq ans plus tard, il devient ministre d’Etat mais le président Bongo lui fait à nouveau appel à la présidence. Il fait de lui son conseiller et lui redonne la gestion du secrétariat de la présidence. De 1973 à 1994, René Radembino Coniquet combine ces deux fonctions et est appelé à faire valoir son droit à la retraite après plus de trente ans au service des présidents Léon Mba et Albert Bongo. Par la suite, il a aussi été à diverses reprises Président du conseil d’administration (PCA) de plusieurs entreprises parapubliques.

 Sa vie au sénat

En 1997, René Radembino Coniquet est investi par le Parti démocratique gabonais (PDG) pour y être son candidat à l’élection sénatoriale de la même année pour représenter ladite formation politique dans la banlieue Sud de Libreville précisément dans la commune d’Owendo. Six ans plus tard, il devient le nouveau président de la chambre haute du parlement après le décès de Georges Rawiri. René Radembino Coniquet obtient 95,56 % des suffrages de ses paires ; 86 voix « pour », 2 voix « contre » et 2 abstentions su un total de 90 votants, un seul n’ayant pas pris au vote.

Son accession à la présidence du sénat gabonais fait de lui le numéro 2 du régime et de la République car en cas de vacances à la présidence, la constitution prévoit que c’est le président de cette institution qui assure l’intérim et organise les élections qui désigneront le prochain chef de l’Etat. Il restera le patron de la chambre haute du parlement durant trois ans mais fut remplacé à ce poste en raison de la disparition du président Omar Bongo devenu Omar Bongo Ondimba.

 Mea-culpa ou sursaut républicain ?

En 2009, René Radembino Coniquet publie un ouvrage qui paraît aux éditions Raponda Walker «  L’île du Roi, un itinéraire gabonais : entretien avec Flavien Enongoué  ». Ce roman est une œuvre biographique composé de dix chapitres dans laquelle René Radembino Coniquet énonce ses considérations de l’autorité, du pouvoir mais surtout de la démocratie sous forme d’entretiens avec Flavien Enongoué. René Radembino Coniquet était connu pour son franc-parler et sa franchise et ses approches sur la démocratie ont étonné plus d’un surtout ses adversaires politiques car il fut un soldat fidèle et dévoué des régimes politiques les plus controversés de la République gabonaise.

Il parle de ce que devait être une réelle démocratie caractérisée par une pluralité politique au détriment d’une singularité en termes de gestion publique. Il est évident qu’en lisant René Coniquet, on se rend compte de la volonté étouffée des élites politiques de l’époque qui ne pouvait survivre ou atteindre une ascension sociale qu’en s’arrimant à l’idéologie prônée par le dirigeant en fonction. Mais cette raison ne saurait blanchir totalement ceux et celles qui s’en servent comme argument pour justifier leur rôle dans les systèmes de prédation et de paupérisation des peuples.

Autre fait marquant, c’est sa prise de position dans le conflit qui oppose le pouvoir gabonais au parti de l’ex-candidat à la présidentielle de 2009, André Mba Obame, qui surprendra les observateurs politiques nationaux. En 2012, René Radembino Coniquet fait campagne pour que le parti politique « l’Union nationale (UN) » ne puisse pas disparaître de la vie politique gabonaise à la suite de sa dissolution le 26 janvier 2011 par le ministre de l’intérieur pour avoir « violé la constitution ».

En effet, le 25 janvier 2011 André Mba Obame s’autoproclama « président du Gabon » et décida d’occuper les locaux de l’UN pour lire un communiqué dans lequel il annonça la formation d’un gouvernement. Sentant l’étau se resserrer contre lui, Mba Obame alla se réfugier à l’ambassade de France au Gabon. Pour René Radembino Coniquet, cette démarche fut celle « d’un candidat indépendant » à qui l’UN « n’a fait que prêter son siège  » et pour lui, il fallait que « le pouvoir réinstalle l’UN comme parti officiel ».

 Décès

René Radembino Coniquet s’éteint dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 septembre 2014 à son domicile sis à Owendo. Il avait 82 ans et fut l’indéboulonnable sénateur de la commune d’Owendo depuis 1997 et était aussi conseiller municipal de ladite commune.

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