Taxe d’habitation : L’UDB suspend son unique député ayant osé dire non à cet impôt controversé
La fracture est consommée au sein de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB). Le coup est tombé le 13 décembre, mais l’intéressé affirme n’en avoir eu connaissance que ce mardi. Le député Fiacre Mpako Ngoma, élu sous la bannière de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) pour le deuxième siège de la Zadié, à Mekambo (Ogooué-Ivindo), a été suspendu à titre conservatoire de toute activité au sein ou pour le compte de son parti présidentiel. Son tort aux yeux de la direction de l’UDB : avoir pris publiquement le contre-pied de la Taxe forfaitaire d’habitation (TFH), nouvel impôt défendu par le gouvernement de Brice Clotaire Oligui Nguema.
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Dans la décision signée par le secrétaire général adjoint chargé des élections, Mesmin Ngabikoumou Wada, l’élu est accusé d’être l’auteur d’un message sur les réseaux sociaux « incitant à la révolte contre la taxe d’habitation proposée par le gouvernement ». Le texte disciplinaire souligne « la gravité de ces agissements » et affirme vouloir « préserver le bon fonctionnement et la discipline interne du parti ». La suspension prend effet à compter du 13 décembre et restera en vigueur jusqu’au verdict du conseil de discipline, « régulièrement saisi ».
Une sanction au nom de la discipline de parti
La décision comporte trois articles particulièrement explicites. Le premier suspend Fiacre Mpako Ngoma « à titre conservatoire de toute activité au sein ou pour le compte du parti ». Le deuxième précise que la mesure demeure valable jusqu’à ce que le conseil de discipline se prononce « définitivement sur les manquements reprochés ». Le troisième enjoint tous les responsables politiques de l’UDB, « à tous les niveaux », d’assurer l’exécution stricte de cette décision et de veiller à ce qu’« aucune entrave ne soit opposée à son application ». Le document est adressé en ampliation au président fondateur du parti et à l’ensemble de ses instances.

Cette fermeté est directement liée au ton employé par l’élu de la Zadié dans une publication devenue virale. Dans ce message, Fiacre Mpako Ngoma dénonçait la taxe d’habitation comme une « loi injuste, pensée par les ennemis du peuple » et l’attribuait à « ceux qui, tapis dans l’ombre, n’ont jamais vécu la réalité du peuple gabonais ». Des propos jugés inacceptables pour une formation qui porte la politique fiscale du gouvernement, en pleine controverse nationale autour de la TFH.
Le député réplique et revendique son indépendance de jugement
L’affaire aurait pu s’arrêter à un rappel à l’ordre. Mais la direction de l’UDB, par la voix de son secrétaire général Mays Mouissi, avait déjà publiquement recadré le parlementaire, lui reprochant de fragiliser la cohésion du parti au moment où celui-ci doit défendre au Parlement la loi de finances 2026. Loin de se rétracter, Fiacre Mpako Ngoma est revenu à la charge dans un nouveau message diffusé ce mardi, après avoir découvert sa suspension.
Dans ce texte adressé au secrétaire général, le député rappelle qu’« conformément à l’article 90, alinéa 1 » de son statut, « chaque parlementaire représente la Nation toute entière, et non les intérêts particuliers d’un secrétaire général qui s’adresse à un élu comme à “son fils” ». Il assure rester dans les rangs de l’UDB « par respect de la discipline », mais affirme « refuser d’apposer [sa] voix à des lois qui fragilisent l’image du fondateur de [notre] parti, lequel est également le président de la République ». Il dit soutenir le chef de l’État « aujourd’hui comme demain, y compris pour ses mandats futurs », tout en concluant : « J’assume pleinement mes actes et mes écrits. »
Un test politique pour l’uUDB et pour la taxe d’habitation
Ce bras de fer intervient dans un contexte électrique autour de la taxe forfaitaire d’habitation. Adoptée ce lundi par une Assemblée nationale contrôlée à plus de 70 % par l’UDB, la TFH suscite une vive contestation dans l’opinion, notamment en raison de son mode de recouvrement via les factures d’électricité et sa partialité par zones géographiques et non sur les revenus. Jusqu’ici, la majorité présidentielle avait affiché un soutien sans faille au dispositif, en se contentant de recommander quelques ajustements techniques au gouvernement.
En sanctionnant l’un de ses députés pour dissidence, l’UDB envoie un message clair aux autres élus tentés de se désolidariser d’une mesure impopulaire sur le terrain. Mais cette démonstration d’autorité pourrait aussi relancer le débat sur la place réelle de la liberté d’expression et du mandat de représentation au sein du principal parti de la Ve République. Alors que le conseil de discipline doit encore se prononcer, le « cas Mpako Ngoma » s’impose déjà comme le premier test majeur de gestion de la contestation interne pour une formation étroitement associée au pouvoir d’Oligui Nguema.
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