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Enchaînée, une jeune gabonaise déséquilibrée mentale appelle à l’aide les autorités

Enchaînée, une jeune gabonaise déséquilibrée mentale appelle à l’aide les autorités
Enchaînée, une jeune gabonaise déséquilibrée mentale appelle à l’aide les autorités © 2023 D.R./Info241

La question des malades mentaux errant se pose avec acuité au Gabon. La rédaction d’Info241 revient sur le cas de la ville de Port-Gentil où une jeune compatriote erre enchainée sans aucune réaction des autorités locales et des riverains. Un cas symptomatique de l’absence de moyens pour la prise en charge des personnes atteintes de maladie mentale au Gabon.

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Une jeune dame d’une vingtaine d’années atteinte de maladie mentale, n’a de cesse de sillonner les artères principales du quartier N’tchengué non loin de l’hôpital régional de Port-Gentil, situé dans le 4e arrondissement. Sur elle, une chaîne de fer autour de la cheville reliée à son poignet droit. Laissée-pour-compte par sa famille, elle est forcée de manger les restes de nourriture traînant à même le sol et de dormir ou de déféquer où bon lui semble.

Un cas pas du tout anodin

Enchaînée comme se fût le cas de nos aïeux à la traite négrière, la demoiselle peine à marcher vu le poids de la chaîne. Ses jambes sont tordues au niveau de ses genoux gravement calleux et trop frêles pour supporter son corps très émacié. « Tous les jours, elle passe là à la recherche de quoi manger. Personne ne sait pourquoi elle est enchaînée. Pourtant elle n’est pas agressive envers les personnes généreuses qui lui donnent du pain. Mais c’est terrifiant de voir ça encore de nos jours. Je pense que c’est le seul cas qui est comme ça à Port-Gentil. Elle crie parfois de douleurs appelant à l’aide d’une voix basse », explique Jeffrey Curtis, un habitant du quartier.

La jeune femme errante près d’un marché

Apeuré, c’est tout les riverains qui se tiennent à distance au point où personne n’essaie d’en savoir plus. Errant chaque jour, démunie et abandonnée à elle-même, certains s’en éloignent l’abandonnant à son triste sort. De jour comme de nuit, elle reste enchaînée sans que cela n’émeut ses proches, les responsables médicaux de l’hôpital régional de N’tchengué et même les autorités. « Tous les jours, les autorités passent par là pour aller dans leur chose politique et pourtant elle est là traversant la route à chaque fois mais personne n’agit. Elle a raté comme d’autres malades mentaux de la ville de se faire tamponner par les conducteurs fous. Vraiment qu’ils construisent même un cabanon pour eux juste pour les garder en sécurité. L’État doit agir », lance Yvette Massanga la responsable du marché de N’tchengué.

Le manque d’établissements mentaux

Bien que le manque d’établissements de santé mentale fasse partie d’un problème plus large au sein du secteur de la santé au Gabon, le fait qu’il y ait qu’un centre psychiatrique publique à Libreville, rend l’accès aux soins difficile pour de nombreuses personnes en particulier dans les zones rurales. La maladie mentale est considérée comme un sujet tabou au Gabon et les malades mentaux sont qualifiés de « fous ». Cette dernière a été excommuniée par les membres de sa famille, forcée de parcourir les rues avec des vêtements en lambeaux et de manger dans les décharges.

Une malade qui demande de l’aide

« Chez nous au Gabon et même en Afrique, les malades mentaux sont perçus comme des personnes possédées qui sont frappées par une malédiction. Voilà pourquoi les gens ont peur d’eux », explique une commerçante du petit marché de N’tchengué Judith Koumba. Malheureusement au Gabon les subventions existent bel et bien sauf que les actions sont très rares dans le domaine de la santé mentale. Pire, Port-Gentil ne dispose d’aucun centre d’accueil afin de permettre aux personnes malades, de recevoir un traitement lié à cette maladie mentale.

Un problème national

Ne disposant pas de données actualisées sur le nombre de personnes nécessitant un traitement, le Gabon compterait moins de 100 psychiatres dans un pays qui avoisine les deux millions d’habitants. De ce fait, les familles se tournent souvent vers les centres de guérison traditionnels et les établissements confessionnels tant chrétiens que musulmans.

@info241.com
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