Port-Gentil : Féfé Onanga prédit l’échec électoral des ex-PDGistes passés à l’UDB d’Oligui Nguema

Alors que la campagne pour les toutes premières élections de la Ve République s’ouvrira ce mercredi pour dix jours, certains acteurs font déjà leurs pronostics. C’est le cas du trublion Féfé Onanga, qui prédit l’échec des transfuges du PDG ayant rallié le parti présidentiel d’Oligui Nguema. Le leader politique, qui se remet progressivement de ses récents ennuis de santé, a rencontré vendredi dernier le correspondant d’Info241 pour livrer son commentaire sur la classe politique actuelle et les enjeux des législatives et locales déjà à l’horizon.

La scène politique de Port-Gentil connaît une effervescence particulière depuis l’émergence de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB). Présentée comme un parti de rupture et de renouveau, cette formation attire cependant de nombreux anciens militants et cadres du Parti démocratique gabonais (PDG), hier encore pilier du système déchu. C’est dans ce contexte que Féfé Onanga, acteur politique local de premier plan, a choisi d’en prévenir certains membres de l’UDB, dénonçant ce qu’il qualifie de duplicité et de recyclage politique.
Transhumance politique version UDB
Depuis la transition ouverte en 2023, la capitale économique du Gabon est devenue le théâtre d’une reconfiguration politique intense, tout comme les autres localités du pays. La chute du PDG, longtemps parti hégémonique, a laissé un vide que plusieurs formations cherchent à combler. Dans cette bataille pour le leadership, l’UDB s’est rapidement imposée comme une structure d’accueil pour de nombreux ex-PDGistes, soucieux de retrouver une place sur la scène publique. Or, cette présence massive d’anciens cadres du PDG pose problème : elle brouille l’image de renouvellement que le parti tente de construire.
L’UDB, censée incarner la modernité politique, se trouve ainsi perçue comme une continuité déguisée du passé. « Tous les PDGistes qui sont actuellement dans l’UDB ne vont pas s’en sortir, pour certains. Car les populations ne sont pas dupes et n’oublient pas. Je ne vois pas Royembo battre Apérano, ni Patrick Barbera Isaac être élu député, parce qu’il n’est pas connu. Je ne vois pas l’UDB avoir deux députés ou même des sénateurs », a déclaré le 12 septembre à Info241 Féfé Onanga.
Imposture politique
Féfé Onanga, l’acteur politique à l’origine de cette charge, figure influente de la scène port-gentillaise, a choisi un langage direct et sans détour pour dénoncer ce qu’il considère comme une imposture politique. Dans ses déclarations, il affirme vouloir « avertir les candidats udbistes de la possible déroute politique lors des législatives et locales ». Son analyse se base sur des sondages auprès des populations qui comptent briser le masque derrière lequel se cachent, selon lui, les survivants d’un système rejeté par la population.
Pour lui, qui a toujours soutenu la politique de Brice Clotaire Oligui Nguema, l’UDB ne représente pas une véritable alternative : « C’est un PDG bis, un refuge pour ceux qui ont contribué à la dérive de notre pays et qui, aujourd’hui, veulent se recycler en réformateurs ». Cette approche est d’autant plus significative qu’elle traduit le rejet grandissant d’une partie de la jeunesse et de la société civile vis-à-vis des élites qui, malgré la transition, continuent d’occuper le devant de la scène.
Des intérêts personnels
Le choix des mots utilisés par cet acteur n’est pas anodin. Il est en phase avec la colère sociale et les frustrations d’une jeunesse en quête de changement. Cette approche sur l’UDB doit aussi être analysée comme une stratégie géopolitique. Ce positionnement vise à opposer deux camps : celui de l’authenticité et celui de la continuité déguisée. « Toutes les querelles auxquelles font face les populations sont dues au fait que chacun voit son intérêt personnel, et non celui de la population qui veut voir de nouveaux acteurs politiques qui ont des ambitions de développement pour la localité », ajoute-t-il.
L’affaire dépasse les frontières de Port-Gentil. Elle met en lumière les dilemmes de la transition démocratique au Gabon. Le recyclage des élites, phénomène classique dans les régimes post-autoritaires, y apparaît de manière flagrante. À travers l’UDB, on assiste à une tension entre la volonté de rupture et la résilience des anciens réseaux. Port-Gentil, ville stratégique par ses ressources pétrolières et sa fonction de capitale économique, devient ainsi un laboratoire politique.
Dernière chance
Les débats qui s’y déroulent résonnent à l’échelle nationale : comment bâtir une nouvelle gouvernance quand les acteurs de l’ancien système continuent de dominer le champ politique ? « J’ai soutenu et je soutiendrai toujours Brice Clotaire Oligui Nguema. Mais tous les candidats doivent arrêter de scander le nom du président pour espérer gagner. Qu’ils se battent, ce sont leurs élections et leur dernière chance », prévient Féfé Onanga.
Au-delà des querelles partisanes, le conseil à l’endroit des acteurs de l’UDB soulève une question essentielle : le Gabon saura-t-il produire de véritables alternatives politiques ou assistera-t-il, encore une fois, au simple recyclage des mêmes élites sous de nouvelles étiquettes ? La réponse dépendra en grande partie de la capacité des nouveaux acteurs à proposer une vision claire, à rassembler la jeunesse et à dépasser les logiques de clans héritées du PDG. Port-Gentil, en ce sens, apparaît comme un terrain d’expérimentation décisif pour l’avenir démocratique du pays et de l’UDB.
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