Portrait

Jean-Fidèle Diramba, le plus grand arbitre FIFA de l’histoire récente du Gabon

Jean-Fidèle Diramba, le plus grand arbitre FIFA de l’histoire récente du Gabon
Jean-Fidèle Diramba, le plus grand arbitre FIFA de l’histoire récente du Gabon © 2022 D.R./Info241

Il y a dans le monde du sport des disciples qui ne paraissent pas pour beaucoup être sportives mais figuratives. Prenons par exemple le cas de l’arbitrage de football. Dans la conscience populaire, on a longtemps pensé que « les hommes en noir » n’étaient pas des athlètes mais nous étions bien loin de la vérité. L’arbitre est aussi un sportif qui participe à une rencontre et qui au-delà de celle-ci se doit de faire appliquer les lois et règles du jeu tout en assurant la sécurité des joueurs.

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Il a aussi le devoir de veiller à la régularité d’une compétition si nous sommes en effet dans un tel cas de figure. Les décisions émanant de ces « juges de jeu » ne sont pas souvent appréciées de tous mais il a lieu de reconnaître que sans ces gendarmes sportifs avec leurs sifflets et leurs « cartons » comme armes de dissuasion, l’esprit « fair-play » du sport serait bien assombri. Depuis des décennies en Europe, la profession d’arbitre est reconnue comme un métier à part entière dont les politiques de formation et de prise en charge ont été définies il y a belle lurette.

L’illustre disparu

Les africains qui ont fait le choix d’être arbitres sont le plus souvent des employés d’entités économiques et plusieurs d’entre eux pratiquent quasiment plus d’une discipline sportive. C’est bien souvent de cette manière que ces « juges de jeu » gagnent normalement ou assez bien leur vie. Au Gabon, Jean-Fidèle Diramba (1952-2021) fut l’une des fiertés sinon la plus grande en matière d’arbitrage footballistique en dépit de cette réalité.

 Naissance

C’est dans la colonie d’Afrique équatoriale française du nom de « Gabon » que naît Jean-Fidèle Diramba le 15 juin 1952.

 Cursus et activités extra-scolaires

Jean-Fidèle Diramba a commencé ses études primaires à l’école publique « Roger Butin » puis il les a terminés à l’Ecole Urbaine de Port-Gentil. A l’âge de 7 ans, le jeune Jean-Fidèle s’intéresse aux arts martiaux principalement au judo. De 1959 à 1962, il suit une formation pour décrocher une ceinture jaune dans cette discipline mais il abandonnera par la suite après avoir vu quelqu’un se faire déboîter l’épaule au cours d’un championnat.

Cependant, le jeune Diramba se fait remarquer par un coach de basketball du nom d’André Lawson et celui-ci le pousse à pratiquer ladite discipline sportive. Plus tard, il deviendra l’un des joueurs du mythique club de basketball « Nzimba ». Après ses études primaires, Jean-Fidèle Diramba est envoyé au centre de formation de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) pour y apprendre l’électromécanique.

 Carrière professionnelle et arbitrale

En 1968, Jean-Fidèle Diramba est embauché à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG). Il est affecté au service « Maintenance » en qualité d’électromécanicien. Mais sa passion pour le sport l’emmènera à devenir le chef du service sport à la direction générale de la SEEG. Son talent ne passe guère inaperçu. Un an avant son intégration à la SEEG, Jean-Fidèle Diramba devint élève arbitre car Jean-Fidèle est omnisport mais l’arbitrage est de loin son hobby préféré. L’année 1968 le voit devenir arbitre fédéral gabonais à seulement 16 ans.

C’est précisément le 30 octobre 1968 à Port-Gentil qu’il officie pour la première fois en tant qu’arbitre ; c’est en date que Jean-Fidèle Diramba devient officiellement arbitre professionnel. Il devient arbitre international FIFA en 1979 et dirige sa première rencontre officielle le 20 octobre 1979 à Cotonou au Bénin. Lors du match de qualification de la zone Afrique comptant pour la coupe du monde 1986 au Mexique, il est choisi pour arbitrer l’importantissime match qui oppose les « Super Eagles » du Nigéria face aux « Aigles de Carthage » de Tunisie.

Outre ses faits d’armes d’arbitre, Jean-Fidèle Diramba s’affirme de plus en plus comme un joueur de basketball d’une qualité significative. Ses prouesses avec le « Nzimba » en tant que capitaine de cette formation vont lui ouvrir les portes de l’équipe nationale de basketball, lui qui est devenu un amoureux de la balle orange après avoir abandonné le judo.

Après une longue carrière au sein de la sélection nationale jonchée de plusieurs échecs de qualification aux jeux olympiques, aux championnats d’Afrique des nations ainsi qu’aux championnats du monde, Jean-Fidèle Diramba abandonne définitivement les parquets après les jeux olympiques d’été de 1988 qui se déroulèrent à Séoul, la capitale de la Corée du Sud, et au cours desquels il arbitrera une rencontre de football. Il décide dès lors de se concentrer uniquement sur sa carrière d’arbitre. Arbitre fédéral de 1968 à 1978, Jean-Fidèle Diramba qui est désormais un arbitre international FIFA va en 1990, être l’un des premiers arbitres africains à officier lors d’un match de coupe du monde.

Cette même année, Jean-Fidèle Diramba sera invité par le Pape Jean-Paul II au moment de la coupe du monde de football 1990 se déroulant en Italie. A l’instar de l’arbitre malien Idrissa Traoré, il fut aussi choisi pour arbitrer un match de poule de ladite coupe du monde. La même année, c’est lui qui fut l’arbitre de la finale de la 17ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) remporté par le pays hôte qui était l’Algerie. En 1994, il fut encore appelé pour arbitrer un match de poule de la coupe du monde de la même année se jouant aux Etats-Unis d’Amérique mais une blessure l’empêcha d’y prendre part.

L’arbitre tunisien Néji Jouini, officia aussi lors de cette compétition internationale. Ayant arbitré dans certains jeux olympiques et certains tournois majeurs du Golfe, Jean-Fidèle Diramba a officié dans pas moins de cinq Coupe d’Afrique des nations notamment celle de 1984, celle de 1986, celle de 1988, celle de 1990 comme dit plus haut ainsi que celle de 1994. Entre autres, Jean-Fidèle Diramba a été arbitre au cours de la Coupe du monde football des moins de 20 ans de 1987 et à la Coupe du monde des moins de 17 ans en 1993. Par ailleurs, il prit part aux matchs de qualifications zone Afrique comptant pour les Coupe du monde et les CAN.

Jean-Fidèle Diramba pris sa retraite à la SEEG en 2008 après quarante ans passés au sein de ladite organisation. En 2008 toujours, il représente l’équipe nationale en Australie. Il était devenu instructeur des arbitres CAF (Confédération africaine de football) et FIFA (Fédération internationale de football association). En 2009 et 2010, il fut membre de la commission des arbitres CAF. Il a aussi occupé le poste de président de l’Association nationale des arbitres de football gabonais (ANAFAG).

 Méfait et récompenses

Seul ombre au tableau de Jean-Fidèle Diramba, la double confrontation entre le Maroc et la Zambie durant laquelle notre protagoniste aurait avantagé l’équipe marocaine pour qu’elle puisse gagner la rencontre et se qualifier pour la Coupe du monde 1994 prévue se jouer au pays de l’oncle Sam. Le match aller se joue le 4 juillet 1993 à Lusaka et voit l’équipe zambienne prendre le dessus sur les lions de l’Atlas sur un score de 2 buts à 1.

Le match retour se joue à Rabat et le Maroc doit absolument gagner la rencontre de plus sans encaisser de but. Les Chipolopolo sont évincés sur un score d’un but à zéro et le Maroc se qualifie. L’arbitre de la rencontre qui n’est autre que Jean-Fidèle Diramba est pointé du doigt car la quasi-totalité de ses décisions auraient été en faveur des Marocains tout au long du match.

Comme récompenses glanées, Jean-Fidèle Diramba reçut le prix du meilleur arbitre de la Fédération gabonaise de football (Fégafoot) en 1979. L’année d’après, il est élu par la Fégafoot « Arbitre du siècle ». Il a aussi remporté plus de 50 médailles et plus de 30 trophées au cours des tournois qu’il a disputé suite aux disciplines sportives qu’il pratiquait.

 Dernier coup de sifflet

C’est dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 décembre 2021 que Jean-Fidèle Diramba, emblématique arbitre international FIFA gabonais, officie lors du dernier match de sa vie contre le mal qui le rongeait. Plus tôt dans l’année, Jean-Fidèle Diramba avait été victime d’un Accident vasculaire cérébral (AVC). C’est donc à Libreville qu’il siffla la fin de la dernière rencontre de sa carrière, lui qui avait déjà fait valoir son droit à la retraite des années avant après avoir été le « maître » des terrains de jeu durant près de 300 matchs.

Au moment de sa disparition, le Syndicat national des arbitres de football gabonais (ANAFAG) par la voix de son président, Christian Mouity, avait tenu à lui rendre un vibrant hommage tout en reconnaissant la grandeur de l’homme ainsi que l’immensité de la carrière jusque-là inégalée.

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