Scandale

Lambaréné : Un élu local au cœur d’un scandale d’exploitation forestière illégale avec sa famille

Lambaréné : Un élu local au cœur d’un scandale d’exploitation forestière illégale avec sa famille
Lambaréné : Un élu local au cœur d’un scandale d’exploitation forestière illégale avec sa famille © 2024 D.R./Info241

Un scandale de trafic de bois secoue le conseil départemental de l’Ogooué et Lacs près de Lambaréné. Un membre influent, N.A, de la Délégation spéciale mise en place par les autorités de la transition est au centre d’une affaire d’exploitation forestière illégale, indique ce vendredi un communiqué de l’ONG Conservation Justice parvenu à la rédaction d’Info241. Ce qui pourrait sembler être un cas isolé de non-respect de la loi révèle en réalité un système bien rodé de fraude et de manipulation impliquant sa propre famille.

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La mission conjointe menée entre juin et juillet par l’administration des Eaux et Forêts, la police judiciaire de Lambaréné et appuyée par l’ONG Conservation Justice, a mis au jour une exploitation forestière massive et illicite sur les sites de Mpoundou et Bingovion, à proximité du lac Oguemoué. Le personnage central de cette opération illégale n’est autre qu’un élu local, censé veiller sur l’intérêt général, mais qui, dans les faits, s’est enrichi en exploitant les ressources naturelles sans autorisation.

Une vue des essences protégées exploitées par le trafiquant présumé

Sieur N.A n’a pas seulement violé les lois gabonaises sur l’exploitation forestière, il a activement cherché à brouiller les pistes en impliquant sa propre famille. Utilisant sa fille et son fils comme boucliers administratifs, il a orchestré une série de manœuvres frauduleuses pour obtenir des autorisations en leur nom, dissimulant ainsi son rôle central dans cette exploitation à grande échelle. Cette tactique de camouflage soulève des questions sur la manière dont des individus placés en position de pouvoir utilisent leur influence pour contourner les lois.

Les preuves trouvées sur les sites contrôlés sont accablantes : des machines lourdes, une barge, des scies industrielles et des piles de bois abattus – représentant un total de 268,444 m³ de bois scié. Il est désormais clair que l’opération illégale, loin d’être artisanale, avait pris une dimension industrielle, ce qui aggrave les accusations portées contre l’élu local.

Une autre vue des lieux

L’ampleur de la fraude choque. Non seulement Sieur N.A a profité des failles du système pour exploiter illégalement les forêts, mais il a également bloqué les initiatives de développement durable des communautés locales. Ces dernières, organisées au sein de l’Association des Communautés du Lac Oguemoué (ACLO), ont longtemps lutté pour obtenir des forêts communautaires, une demande jusqu’ici ignorée, probablement en raison des activités souterraines de N.A.

Les révélations de cette affaire sont d’autant plus scandaleuses que, malgré de précédentes tentatives pour faire éclater la vérité, rien n’avait été fait jusqu’à présent. Grâce à la persévérance des communautés locales et au soutien de l’ONG Conservation Justice, cette exploitation illégale est enfin exposée, et l’affaire se retrouve aujourd’hui devant la justice de Lambaréné.

La complicité familiale rend la situation encore plus troublante : le fils de N.A, après avoir obtenu une autorisation de coupe, l’a ensuite cédée à son père pour que celui-ci puisse poursuivre ses opérations illicites. Quant à sa fille, elle a été utilisée comme intermédiaire pour mener des activités d’exploitation sans aucune autorisation légale. Ce réseau familial de fraude éclaire une réalité inquiétante dans la gestion des ressources forestières au Gabon, où certaines élites locales semblent agir en toute impunité, malgré les lois en vigueur.

Le scandale secoue l’opinion publique , alors que les attentes sont désormais tournées vers la justice. Les communautés locales, représentées par l’ACLO, espèrent une décision exemplaire qui non seulement punira les responsables, mais enverra également un message fort contre la corruption et l’exploitation illégale des ressources naturelles. Pour Patrick Bengone, président de l’ACLO, « nous voulons que la justice serve les intérêts des communautés locales et garantisse un avenir durable pour nos ressources ».

Le directeur exécutif de Conservation Justice, Luc Mathot, a également dénoncé cette exploitation irresponsable, soulignant l’importance de soutenir les initiatives locales de gestion durable des ressources. Ce scandale démontre la nécessité de renforcer les contrôles et de sanctionner sévèrement ceux qui, en position de pouvoir, abusent de leur influence pour piller les ressources du pays.

Dans un contexte où les autorités de la Transition encouragent l’entrepreneuriat gabonais, cette affaire met en lumière les dérives possibles lorsque ces initiatives ne sont pas encadrées avec rigueur. La balle est maintenant dans le camp de la justice, qui devra trancher dans ce dossier emblématique d’une exploitation forestière illégale à grande échelle.

Les Gabonais attendent avec impatience le verdict de cette affaire, en espérant que cela marquera un tournant dans la lutte contre l’impunité et pour la protection des ressources naturelles du pays.

@info241.com
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