Malgré le coup de libération, Mborantsuo propulsée présidente honoraire de la cour constitutionnelle !
Alors que les Gabonais se félicitaient déjà d’avoir tourné une page de leur histoire avec la chute d’Ali Bongo et de son régime, les choses ne semblent pas aussi simples. Ce mardi 23 janvier, beaucoup ont été stupéfaits que l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, pierre angulaire des victoires présidentielles éternelles de l’ancien régime, ait été élevée comme présidente honoraire de cette institution malgré le « coup de libération » du 30 août dernier.
Marie-Madeleine Mborantsuo a décidément toujours la cote auprès des nouveaux 9 juges constitutionnels et des autorités de la transition. L’ancienne maîtresse d’Omar Bongo et belle-mère d’Ali Bongo, pièce maîtresse de leur hégémonie à la tête du pays depuis l’ère du multipartisme en 1990, continue de jouir de ses nombreux privilèges en tant qu’ancienne membre de la Cour constitutionnelle. Le tout avec la signature du président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema qui a entériné ce nouveau statut de l’ex présidente par décret.
La faute à la loi organique de la Cour
Parmi ceux-ci, celui d’être présidente honoraire de la Haute Cour qu’elle dirige depuis sa création en 1991. La faute à la loi organique de l’institution qui garantit de vieux jours aux anciens membres y ayant servi. Selon son article 15b : « Les anciens membres et les anciens Présidents de la Cour Constitutionnelle dont la notoriété est reconnue par leurs pairs ou par les autorités de nomination sont membres et Présidents honoraires de la Cour Constitutionnelle. Un décret du Président de la République matérialise cette distinction. ».
Les autorités de la transition attendues sur ce dossier
Sauf que cette loi précise bien que la notoriété de ces anciens membres doit être « reconnue », ce qui ne semble pas être le cas de l’ancienne présidente, accusée d’avoir fait de cette institution une tour de Pise au service de l’ancien régime dont elle était tout sauf étrangère. Sa présence lors de la rentrée solennelle de cette cour a suscité légitiment la controverse dans l’opinion.
Une voie de sortie
Surtout que même si Marie-Madeleine Mborantsuo peut être considérée à juste titre comme membre honoraire de droit, le même article de cette même loi organique n° 004/2018 du 29/07/2018 permet aux 9 juges de se défaire de certains membres honoraires gênants. « Toutefois, la Cour constitutionnelle, statuant à la majorité des deux tiers des membres en fonction, peut retirer la qualité de membre honoraire à un ancien membre de la Cour dont la conduite porte atteinte à la dignité que confère l’honorariat » (Article 15b).
Alors, Marie-Madeleine Mborantsuo ne rentre-t-elle pas dans cette catégorie de persona non grata ? Les nouvelles autorités de la transition, censées parvenir à la restauration des institutions abîmées par l’ancien régime, peuvent-elles s’accommoder d’autant de contradictions ? Marie-Madeleine Mborantsuo est-elle finalement une magistrate digne, à la notoriété reconnue de tous ? Et de qui alors ?
Ange ou persona non grata ?
Autant de questions qui méritent aujourd’hui une réponse claire des nouvelles autorités et des premiers concernés que sont les 9 nouveaux juges constitutionnels. À moins que cette question ait finalement déjà été tranchée, confirmée par sa présence au cœur de cette cérémonie inaugurale et des prochaines qui suivront. Ce qui contribuerait à faire déchanter ceux qui osaient encore croire que le régime du CTRI avait totalement tourné le dos à celui des Bongo et de leurs affidés.
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