Obasanjo relance son appel pour une monnaie unique africaine : « Nous devons bâtir nos propres systèmes »

L’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a ravivé ce mardi son plaidoyer en faveur de la création d’une monnaie unique africaine, estimant que la dépendance du continent vis-à-vis du dollar américain fragilise les économies locales et entrave le développement.

S’exprimant lors d’un Fireside Chat animé par la journaliste Fifi Peters (CNBC Africa) à l’Intra-African Trade Fair (IATF 2025) qui se tient à Alger, Obasanjo a dénoncé la dégringolade du naira, symbole selon lui de l’échec des modèles monétaires actuels. « En 1979, un naira valait 1,80 dollar (environ 1 093 FCFA). Aujourd’hui, il faut environ 1 600 nairas (environ 971 000 FCFA) pour un dollar. Que s’est-il passé pour que notre monnaie perde ainsi toute sa valeur ? », a-t-il interrogé, ajoutant que la devise nigériane « ne vaut même plus le papier sur lequel elle est imprimée ».
Une alternative au dollar et à l’euro
Président du Conseil consultatif de l’IATF, Obasanjo a salué l’initiative de l’Afreximbank qui promeut le Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS), permettant aux entreprises d’échanger directement en monnaies locales. « Si nous commerçons entre l’Algérie et l’Ouganda, pourquoi devrions-nous chercher des dollars ou des euros ? L’Ougandais veut des shillings, pas des devises étrangères », a-t-il souligné.
Pour l’ancien chef d’État, les difficultés économiques de l’Afrique trouvent leurs racines dans des « injustices historiques » : l’esclavage, la colonisation et une mondialisation « structurée contre le continent ». Mais il appelle à s’inspirer des succès africains, comme la lutte contre l’apartheid ou la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), pour renforcer l’intégration.
L’urgence de l’action politique
« La volonté politique ne suffit pas, il faut de l’action politique et une unité de vision », a martelé Obasanjo, qui s’est également appuyé sur son rôle de médiateur dans la crise entre le Rwanda et la RDC pour illustrer l’importance de solutions africaines.
Il a par ailleurs insisté sur la nécessité d’une meilleure gestion de la diversité ethnique, culturelle et religieuse, source de nombreux conflits sur le continent. « Il n’existe aucune communauté sans le bon, le mauvais et le laid. Mais le rôle des dirigeants est de gérer cette diversité de façon inclusive », a-t-il déclaré.
« Global Africa » en devenir
Malgré ces défis, Obasanjo s’est dit optimiste : « Global Africa ne fait pas encore trembler le monde, mais elle le fera, grâce à nos musiciens, nos artistes, nos chefs et nos entrepreneurs. »
Clôturant son intervention, il a exhorté les dirigeants actuels à renouer avec la vision des pères fondateurs de l’indépendance africaine : « Nos leaders savaient que notre force résidait dans l’unité. Les institutions comme le FMI, la Banque mondiale ou l’ONU n’ont pas été conçues pour l’Afrique. C’est pourquoi nous devons créer nos propres systèmes, y compris une monnaie unique, pour bâtir l’avenir que nous méritons. »
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