Patate chaude

Taxe d’habitation au Gabon : Face au tollé, le gouvernement renvoie la balle au Parlement

Taxe d’habitation au Gabon : Face au tollé, le gouvernement renvoie la balle au Parlement
Taxe d’habitation au Gabon : Face au tollé, le gouvernement renvoie la balle au Parlement © 2025 D.R./Info241

Le vice-président du gouvernement par intérim, ministre d’État, ministre de l’Économie et des Finances, Henri-Claude Oyima, était mercredi soir sur le plateau de Gouv’Actu le Mag sur Gabon 1ère pour défendre la Loi de finances 2026. Mais c’est bien la très contestée Taxe forfaitaire d’habitation (TFH) qui a monopolisé l’attention, tant l’annonce de montants de 1 000 à 30 000 F CFA par mois selon les zones a déclenché un vif rejet dans l’opinion gabonaise.

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Face au mécontentement grandissant, le gouvernement a choisi une ligne claire : rappeler que, juridiquement, rien n’est encore acté sans le feu vert des députés. Henri-Claude Oyima l’a martelé : « L’impôt ne peut être prélevé que s’il est adopté par le Parlement. » À ce stade, l’Assemblée nationale n’a pas encore voté la TFH, ni arrêté ses niveaux ni ses modalités de prélèvement. Traduction politique : la patate chaude est désormais officiellement dans le camp des parlementaires.

 Une taxe « indolore » selon le gouvernement

Sur le plateau télévisé, le ministre de la Réforme et des Relations avec les Institutions, François Ndong Obiang, a tenté de désamorcer les inquiétudes, en insistant sur le caractère forfaitaire et présenté comme supportable de la taxe. Selon lui, la TFH « sera indolore » pour les ménages, avec une grille censée tenir compte du niveau de vie et de la localisation des logements. Un discours qui tranche avec les réactions d’une partie des Gabonais, pour qui payer jusqu’à 30 000 F CFA par mois via la facture d’électricité n’a rien d’inoffensif dans un contexte de pouvoir d’achat déjà fragilisé.

L’émission gouvernementale de mercredi

Henri-Claude Oyima a également rappelé que la TFH n’est pas une invention de la Loi de finances 2026. La mesure figurait déjà dans la Loi de finances 2022, mais n’avait jamais été appliquée faute de décret d’exécution. Autrement dit, la taxe rôde depuis plusieurs années dans l’arsenal fiscal, sans être entrée en vigueur. Elle est l’héritage de l’ère Ali Bongo. Cette fois, le gouvernement assume de la remettre sur la table, tout en se retranchant derrière la souveraineté du Parlement pour en fixer les contours définitifs.

 Une équité revendiquée, une colère persistante

Pour sa part, la ministre de la Planification et de la Prospective, Louise-Pierrette Mvono, a pris soin de répondre à ceux qui opposent la TFH à la politique sociale du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Elle assure que la notion d’équité a été intégrée dès la conception du dispositif et rappelle que, selon l’article 52 de la Constitution, « le Chef de l’État dispose de 25 jours pour valider la Loi de finances ». Comprendre : le texte passera par toutes les étapes institutionnelles avant promulgation, sous le contrôle des représentants du peuple.

Reste que, dans la rue comme sur les réseaux sociaux, beaucoup de Gabonais disent ne pas être convaincus. Le public attendait des réponses très concrètes sur les barèmes, les zones, les cas d’exonération éventuelle ou la situation des locataires. Pour l’instant, l’émission a surtout permis de clarifier l’architecture institutionnelle de la taxe, plus que son impact réel sur les budgets familiaux. « L’impôt est un acte citoyen » , a insisté Henri-Claude Oyima ; une formule qui peine à calmer ceux qui voient surtout dans la TFH un nouvel effort demandé à des ménages déjà pressurés.

 Ce que l’on sait (et ce que l’on ne sait pas) de la TFH

Point clé Ce qui est prévu Ce qui reste flou
Nature de la taxe Taxe forfaitaire d’habitation (TFH), adossée à la facture d’électricité Texte final pas encore voté par le Parlement
Objectif affiché Mobiliser des ressources propres pour financer écoles, routes, hôpitaux, infrastructures locales Montant global attendu, usage détaillé par secteur
Montant annoncé pour le Grand Libreville De 1 000 à 30 000 F CFA par mois selon la zone d’habitation Barèmes définitifs, critères précis de zonage et d’exonération
Situation juridique actuelle Présente dans le projet de Loi de finances 2026 ; déjà inscrite en 2022 mais jamais appliquée Application effective conditionnée au vote des députés et aux décrets d’exécution

En renvoyant avec insistance au rôle du Parlement, l’exécutif se protège politiquement d’un impôt devenu explosif dans le débat public. Mais cette « rebuffade » n’éteint pas la contestation : pour de nombreux citoyens, c’est bien le gouvernement qui a conçu, chiffré et mis la TFH dans la Loi de finances. Les députés, eux, se retrouvent désormais en première ligne, sommés de trancher entre discipline budgétaire et pression sociale.

Au final, l’édition de Gouv’Actu le Mag aura confirmé une chose : le gouvernement assume la nécessité d’élargir l’assiette fiscale, mais entend partager, voire transférer, la responsabilité politique de la TFH au Parlement. Reste à savoir si les élus valideront cette taxe dans sa forme actuelle, la réaménageront en profondeur, ou choisiront de la renvoyer à plus tard. Entre impératifs budgétaires et colère des foyers, la bataille de la TFH ne fait visiblement que commencer.

@info241.com
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