Arrestation controversée du frère d’un activiste gabonais : témoignage poignant de la mère des concernés
Les pratiques extrajudiciaires de l’ancien régime d’Ali Bongo semblent avoir la dent dure à l’ère de la transition dirigée par le général Oligui Nguema. Cette réalité est illustrée par l’affaire rocambolesque de l’arrestation du frère d’un activiste gabonais, détenu pendant 13 jours dans les locaux de la Direction générale de recherches (DGR, gendarmerie). C’est ce qu’a révélé ce samedi la mère de l’activiste dans un poignant récit sur les réseaux sociaux. Les éclaircissements du procureur et du parquet de Libreville sont vivement attendus.
Être le frère d’un activiste vivant en France peut vous valoir un séjour extrajudiciaire au Gabon. C’est le sentiment qui découle de l’arrestation controversée de Hans Yala Obame (33 ans), alias « Pepito », petit frère de l’activiste Thibault Adjatys. Selon plusieurs sources, il aurait été torturé après son arrestation musclée le 15 juin par des agents encagoulés de la Garde républicaine, toujours dirigée par le président de la transition. Ces agents l’auraient ensuite conduit à la DGR.
Le témoignage de la mère sur la situation
"Tout à l’heure à 13h, 4 agents de la DGR sont encore revenus me dire qu’on cherche mon fils Pépito", a décrit hier après-midi maman Solange à un autre activiste venu s’assurer qu’elle n’avait pas elle aussi été arrêtée comme l’insinuait une folle rumeur sur la toile. "Mais depuis qu’il est sorti, il n’habite plus avec moi. Je ne veux plus qu’il habite les Akebés jusqu’à un nouvel ordre", a révélé peinée la mère des deux frères qui sont visiblement dans le viseur des autorités judiciaires du Gabon.
Son crime présumé : être l’informateur de l’activiste Thibault Adjatys, opposé au régime du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Pour ce seul motif, il aurait été torturé le jour de son arrestation au point d’être évacué le lendemain dans un hôpital militaire de la capitale gabonaise. Des actes de répression que l’on croyait réservés au régime déchu d’Ali Bongo perdurent sous le général-président Oligui Nguema, qui avait promis depuis le « coup de libération » de rendre leur dignité aux Gabonais.
Pepito sur son lit d’hôpital au lendemain des tortures qu’il auraient subies lors de son interrogatoire musclé du 15 juin
Cette ambition officielle est contredite par les agissements de la DGR et de la Garde républicaine, qui torturent les détracteurs politiques d’Oligui Nguema sous couvert de la loi. Et ce, en toute impunité, avec des méthodes extrajudiciaires, comme cette détention de 13 jours qui a pris fin seulement le vendredi 28 juin. Le témoignage de la mère de Hans Yala Obame et de Thibault Adjatys laisse sans voix face à cette situation ubuesque que l’on croyait révolue depuis le coup de libération du 30 août 2023.
Ces événements rappellent que, malgré les promesses de changement, certaines pratiques du passé subsistent, remettant en question les avancées démocratiques espérées par le peuple gabonais. La version du parquet de Libreville est vivement attendue pour ne pas laisser l’opinion dans le flou de cette sobre affaire d’arrestation musclée et les nombreuses entraves relevées par les victimes présumées de cet acte déjà qualifié d’extrajudiciaire.
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