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Face au tollé sur le projet de Constitution du Gabon, Jean Rémy Yama appelle à épouser celle de 1991

Face au tollé sur le projet de Constitution du Gabon, Jean Rémy Yama appelle à épouser celle de 1991
Face au tollé sur le projet de Constitution du Gabon, Jean Rémy Yama appelle à épouser celle de 1991 © 2024 D.R./Info241

Lors d’un point de presse tenu ce mercredi à Libreville, le sénateur Jean Rémy Yama et grande figure du monde syndical gabonais, a pris position contre le projet de nouvelle Constitution bientôt sur la table du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et du gouvernement. Parmi les huit parlementaires ayant voté contre le texte lors de la Constituante aux pouvoirs limités, Yama dénonce des amendements insuffisants et un processus précipité, marquant un fort désaccord avec les autres acteurs politiques.

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Jean Rémy Yama a critiqué le fait que les parlementaires aient été contraints de se prononcer en seulement dix jours sur un document aussi dense et crucial pour l’avenir du pays. Pour lui, cette précipitation compromet la qualité et la réflexion nécessaire à l’élaboration d’une Constitution durable. « Les amendements faits n’étaient pas de nature à nous garantir une bonne Constitution », a-t-il martelé, soulignant la nécessité de davantage de temps pour un débat approfondi.

La concentration des pouvoirs, une dérive dangereuse

Le sénateur a exprimé une inquiétude majeure concernant la concentration des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) dans les mains d’un seul individu. Il a mis en garde contre les risques d’abus de pouvoir, expliquant que si une personne détient trop de contrôle, elle est susceptible de devenir un « dictateur ». « Si vous donnez trop de pouvoir à une seule personne, vous courez le risque d’avoir des abus », a-t-il averti. Pour Yama, cette dynamique est l’une des raisons profondes de son opposition au projet actuel.

Un extrait de cette conférence de presse

S’appuyant sur sa propre expérience, il a rappelé son emprisonnement en 2022 sous le régime d’Ali Bongo, soulignant que ce genre de situations ne devrait pas dépendre des décisions d’un seul homme. « Est-ce que c’est le président qui envoie les gens en prison ou qui les sort de prison ? », a-t-il questionné devant l’assistance parsemée de leaders du monde syndicaliste et politique gabonais, dénonçant un système judiciaire qui restera aux mains de l’exécutif.

Un appel à revenir à la Constitution de 1991

Pour sortir de cette impasse et éviter une division profonde du pays, Jean Rémy Yama a proposé une solution radicale : revenir à la Constitution de 1991. Selon lui, ce texte fait consensus et pourrait être une base solide pour reconstruire le pays dans le calme. « Reprenons la Constitution de 1991, avançons avec ça d’abord, et après, on verra quand les esprits seront apaisés », a-t-il plaidé.

Ce retour aux fondamentaux de 1991, pour Yama, permettrait de dépasser les traumatismes actuels et d’apaiser les tensions politiques exacerbées par la transition en cours. Il exhorte ainsi le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema à jouer un rôle clé pour unifier le pays, soulignant que la Constitution doit être conçue dans l’intérêt de tous et non pour servir un individu ou un groupe spécifique.

Face à la discorde sur la nouvelle Constitution, Jean Rémy Yama invite à un retour aux valeurs républicaines et consensuelles de 1991, afin de restaurer l’unité nationale et de garantir un avenir politique plus stable pour le Gabon. Pour Yama, il est impératif que la Constitution soit pensée à long terme pour le pays, et non pour un individu ou un régime spécifique. « Le Gabon est un pays immortel, à ne pas confondre avec un homme mortel », a-t-il conclu, insistant sur l’importance de bâtir une Constitution qui garantisse la stabilité institutionnelle et la justice pour tous.

@info241.com
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