Soutien du PDG au CTRI : la Présidence gabonaise prise au piège de ses contradictions
Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi 16 octobre au palais présidentiel, Télésphore Obame Ngomo, chef du département communication de la présidence gabonaise, a tenté de justifier le soutien inattendu du Parti démocratique gabonais (PDG) au président de la transition, tout en minimisant la levée discrète de la suspension de l’ex-parti au pouvoir. Une sortie qui, loin de convaincre, soulève plus de questions que de réponses.
Interrogé sur le soutien affiché par le PDG au président de la transition, le parton de la communication présidentielle s’est contenté d’affirmer que ni le CTRI, ni le président de la transition n’avaient sollicité cet appui. « Ils se sont librement exprimés, comme d’autres », s’est-il défaussé comme pour dédramatiser la situation.
Curieuse posture présidentielle
Un argument qui frôle l’absurde, tant il est difficile de croire que l’ex-parti présidentiel, omniprésent durant des décennies, puisse se positionner ainsi, sans arrière-pensée. Ce, alors même que son poids politique est en jeu. Comment comprendre que ce parti, symbole d’un régime récemment renversé par l’armée, continue de manœuvrer en coulisses sans que cela ne soulève un quelconque malaise chez les nouveaux dirigeants ?
L’intégralité de cette conférence de presse d’hier
Plus encore, la suspension du PDG, annoncée en grande pompe parmi les recommandations du Dialogue national inclusif d’avril dernier, semble avoir été levée de manière presque clandestine. Obame Ngomo a expliqué que cette suspension n’avait jamais été officiellement retenue. Chuce ! En d’autres termes, ce qui avait été perçu comme une mesure forte de la transition a été rangé dans le placard de l’oubli. Une volte-face difficile à avaler pour ceux qui espéraient voir une rupture nette avec l’ancien régime.
Pas de suspension du PDG
Pire, le conseiller spécial, chef de département communication de la Présidence de la République s’est aventuré dans un exercice de justification malhabile, en invoquant le précédent de la dissolution de l’Union nationale sous Ali Bongo. « Nous avons fustigé ce caractère dictatorial », a-t-il rappelé, comme pour s’exonérer de toute responsabilité dans la gestion actuelle. Mais cette comparaison, loin d’apaiser, laisse un goût amer. Est-ce donc cela la leçon retenue de l’histoire récente du Gabon ? Refuser de suspendre le PDG durant 3 ans non par conviction démocratique, mais par crainte de paraître aussi autoritaire que le régime précédent ?
Quant à l’utilisation de l’image du chef de l’État, une autre incohérence saute aux yeux. Le communiqué n°055 du CTRI, qui interdisait l’exploitation abusive de cette image, aurait été scrupuleusement respecté selon Obame Ngomo. Est-ce là le signe d’un retour déguisé de l’ancien régime sous un nouveau masque ? La question reste entière.
Démocratie ou sympathie ?
Finalement, cette conférence de presse, loin de clarifier la position de la présidence, met en lumière une gestion maladroite et ambiguë de l’héritage politique du PDG. En bon samaritain de la démocratie Obame Ngomo appelle à « laisser le peuple juger » de la pertinence de ce parti sur le terrain. Mais n’est-ce pas là une manière de se défausser de toute responsabilité ?
Au lieu d’incarner une rupture franche avec l’ancien ordre, cette transition semble reproduire des schémas déjà dénoncés. La levée tacite de la suspension du PDG pourrait bien s’avérer être un pas en arrière pour une transition qui se voulait porteuse de renouveau démocratique. Le peuple gabonais attend des actes, pas des demi-mesures camouflées sous des justifications bancales.
@info241.com